Dans un post publié le 18 juillet 2018 à l’occasion de la Coupe de France de la French Tech pendant le West Web Festival, j’avais analysé de manière off, les 8 start-up finalistes de cette compétition, dont Kriptown à qui j’avais attribué la note kchehck Kd.
Kriptown est une société par actions simplifiée créée le 19 mars 2018 par Mark Kepeneghian. Le site internet est juste une explication d’un concept très discutable où vous investissez vos euros durement gagnés dans une start-up qui vous est présentée après un long process de validation, pour obtenir en échange des tokens échangeables contre une autre start-up, sans jamais curieusement que vous en soyez actionnaire… La seule bourse d’échange de start-up que je connaisse, est celle de la plate-forme d’Equity Crowdfunding britannique Seedrs, mais les choses sont plus claires, l’échange ne peut avoir lieu qu’entre actionnaires.
Pas de prototype, pas de communauté, pas de modèle économique mais juste une utilisation opportuniste de tous les buzz words du moment pour essayer de faire prendre la mayonnaise : blockchain, whitepaper, ICO, tokens,…
En cet été 2018, le site Web de Kriptown n’était encore qu’un concept, ce qui m’avait contraint à leur donner une mauvaise note.
Nous sommes presque 7 mois après, Kriptown a procédé à une mue que je qualifierais de spectaculaire. Elle n’est plus la simple vitrine analysée initialement et elle a prouvé qu’elle peut démocratiser et simplifier le financement de toute start-up.
Elle vient d’intégrer le nouveau programme d’incubation plateform58 mis en place par La Banque Postale afin d’aider cette dernière à se (ré)inventer.
ÀMHA, Kriptown pourrait bien représenter pour La Poste du 3ème décan de ce nouveau millénaire, l’équivalent de la vente de timbres pour les philatélistes du XXe siècle. Les Kriptownistes font partie de la génération des 25-35 ans qui collectionneront des tokens de start-up. Ces jeunes choisiront les start-up avec lesquelles ils auront des affinités et le plus de chance de pouvoir réaliser un jour de belles plus-values.
Bien sûr toutes les start-up ne se valent pas, mais cela a toujours été le cas aussi pour les timbres de collection, qui ont fait rêver tant de générations depuis la fin du XIXe siècle.
Une analyse Kchehck n’est valide que 6 mois et il est devenu plus que nécessaire de la mettre à jour.
Nous allons voir ensemble comment les progrès réalisés entre-temps par Kriptown permettent une remontée de sa note par une réévaluation de mon analyse estivale.
Critère kchehck #1 : Une Communauté vivante grâce à Hasheur (+)
J’ai visionné plusieurs fois la vidéo de 21 minutes et 33 secondes sur sa chaîne YouTube que lui a consacré le très très jeune entrepreneur âgé de 21 ans, originaire de Corse, tel qu’il se présente lui-même dans une autre vidéo récente.
Owen Simonin est aussi le fondateur de la start-up Just Mining, plus connu encore sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Hasheur. j’ai passé à notre moulinette les 171 commentaires que le discours passionné et didactique de Owen sur Kriptown a su susciter au dimanche 10 février 2019.
Hasheur y déclare :
Moi je vais être franc avec vous, si j’ai envie d’investir dans des start-up, c’est juste pour faire de la plus-value si elles se développent, j’accepte la perte si elle font des échecs, et surtout leur donner de l’argent qui va leur permettre de se développer.
Owen est le posterchild très écouté de sa génération. Il l’avoue, il ne veut surtout pas se prendre la tête quand il décide d’investir dans une start-up avec les contraintes habituelles de ce type d’investissement.
Opportunément, Kriptown a fait appel à la communauté impressionnante des 85 937 personnes inscrites sur la chaîne du jeune corse, afin de populariser le mode de fonctionnement de sa plate-forme.
Critère kchehck #2 : Faisabilité établie avec le bouclage réussi d’une première levée (+)
Participer financièrement à une ICO/ITO organisée directement sur le site Web appartenant à la start-up en levée de fonds, revient à faire du ski hors-piste. Vous le pratiquez à vos risques et périls, surtout si vous êtes un investisseur débutant.
Kriptown inscrit volontairement et explicitement sa plate-forme dans le sillage de la loi Pacte et plus particulièrement de ses articles 26 et 26b qui donnent un cadre légal à ce type d’appel public à l’épargne, même si les décrets d’applications se font toujours attendre…
Elle opère en plus une triple validation pour chaque entreprise candidate : celle d’un cabinet d’avocats, d’un expert-comptable/commissaire aux comptes et enfin d’une agence de notation. Elle garantit qu’aucun projet retenu ne constituerait une tentative d’ escroquerie ou d’enrichissement personnel d’entrepreneurs peu scrupuleux.
Même si Kriptown fait faillite, c’est une société ad hoc, Vault SAS, qui détient les actions de la start-up. Enfin elle a aussi confié à un tiers de confiance, Afone, la gestion des paiements sur sa plate-forme.
Mais comme le dit Hasheur, cela ne doit pas non plus vous empêcher de vous faire votre propre opinion avant d’investir, après avoir lu le livre blanc publié par Kriptown pour chaque start-up sélectionnée.
J’ai demandé, via un échange de messages directs sur Twitter, à Gabriel Jarrosson, disciple français de Warren Buffett en quelque sorte 😉 et surtout créateur du club privé d’investissement Leonis, de nous donner son avis d’investisseur chevronné sur la première start-up présentée.
Tako a réussi à clôturer de justesse, avec une séance supplémentaire de quelques jours au rattrapage terminé le 24 janvier 2019, 475 000 euros. L’investissement minimum défini était de 450 000 euros.
Je n’ai pas recommandé l’investissement dans Tako aux membres de mon club privé. La compétition sur le marché des VTC est brutale et Tako part avec un retard gigantesque : pas de communauté (quelques milliers d’utilisateurs seulement), une application mobile qui laisse à désirer et pas de budget marketing conséquent. Face à Uber qui a levé 24 milliards, face à Chauffeur Privé (maintenant Kapten) qui appartient à Daimler, il va être très difficile de se faire une place. Tout ceci mené par une équipe dont c’est la première aventure entrepreneuriale… Ça fait beaucoup d’inconnues !
Critère kchehck #3 : Un modèle économique validé (+)
ÀMHA encore une fois, Kriptown pourrait bien être la première entreprise qui réussisse à capter une partie significative de l’épargne tant convoité par de nombreuses fintechs, de ces jeunes professionnels, surtout avec l’aide supposée de l’ensemble des guichets de La Banque Postale. Elle offre une tokenisation accessible au plus grand nombre particulièrement adaptée à des jeunes speculos, sans peur et sans reproche.
Ils représentent probablement la première génération et ils l’ont bien intégré, qui ne bénéficiera pas de la garantie du versement automatique d’une retraite par répartition généreuse à la différence de leurs parents.
Elle ne devra donc compter que sur elle-même pour assurer sa future survie économique, surtout si Alphabet lui garantit de vivre au-delà des 100-150 ans grâce à sa filiale Calico.
Bienvenue dans l’Économie du Trampoline
Tout type d’investissement (immobilier, assurance-vie, start-up, etc…) sera tokenisé un jour ou l’autre, afin de permettre l’investissement minimum sécable à partir d’un euro symbolique, tout en réduisant les coûts de transaction à un minimum de quelques pourcents.
Chaque investissement individuel sera protégé dans des blockchains privées avec à chaque fois une liberté d’engagement et de désengagement identique à celle d’un abonnement à Netflix, grâce à une liquidité prévue a minima à l’image de Kriptown dans son code informatique.
Après la clôture de la levée de fonds de Tako, Kriptown a ouvert son marché secondaire alternatif et exclusif, pour vendre et acheter les tokens de la première start-up ainsi financée.
Il faudra bien sûr patienter plusieurs levées de fonds réussies pour que cette volonté de liquidité se concrétise mais j’ai confiance dans Mark et son équipe pour y parvenir.
En attendant, la nouvelle note de Kriptown bien méritée est… ka+.
Rendez-vous dans… 6 mois minimum !