Start-up of the bitch or not? #9 – La Douarneniste TOWT

TransOceanic Wind Transport ou TOWT est une SAS cocréée le 4 août 2014 à Douarnenez (29) par Diana Mesa et Guillaume Le Grand. Elle a publié ses comptes 2019 arrêtés au 30 août. Son chiffre d’affaires s’établissait à 203 400 euros pour un résultat net positif de 87 100 euros.

Son métier jusqu’à ce jour est d’affréter de vieux gréements afin de transporter principalement une sélection de produits alimentaires et boissons alcoolisées bio, de leur pays d’origine jusqu’à leur lieu hexagonal de transformation et/ou de distribution. Leur empreinte carbone est ainsi réduite au minimum.

On retrouve certaines de ces références sur sa boutique en ligne ou dans son épicerie physique nommée Au cul du voilier.

Elles bénéficient toutes du label maison ANEMOS afin d’en assurer la traçabilité.

D’après emcitv, le mot d’origine grec anemos a 3 significations bibliques

Vent, violente agitation et courant d’air

Très grosse tempête de vent

Les quatre vents cardinaux, les vents des quatre coins de la terre

Quelque soit le sens donné, anemos est un nom très éventé sur la toile, une simple recherche sur Google renvoyant 1 960 000 occurrences…

Je vous propose une analyse Kchehck de TOWT selon nos 3 critères, Communauté, Faisabilité et Modèle Économique.

Communauté (+)

Son compte Twitter est suivi par 1 346 personnes curieusement sans aucune réciprocité

Sa page LinkedIn a 3 214 followers

Sa page Facebook a 6 036 personnes inscrites

Sa chaîne YouTube a 212 abonnés

Son compte Instagram a 987 abonnés pour 111 abonnements, ce qui est bien proportionné.

La communauté est là mais ressac identifié, il n’y a pas assez d’interactions visibles entre ses membres et le dirigeant de l’entreprise.

Faisabilité (-)

TOWT promet une flotte de 4 voiliers cargo identiques d’une capacité individuelle de 1 000 tonnes à l’horizon 2024. Le premier devra être opérationnel dès juillet 2022 depuis le port du Havre. Chacun coûterait 10 millions d’euros à construire. Le nom du chantier naval choisi n’a pas encore été révélé bien que nous nous rapprochions dangereusement de la date butoir.

Pour l’instant, ces bateaux n’existent qu’en plans et représentations 3D réalisés par le cabinet nantais d’architecture nautique Herskovits & Tobie. Cela ne suffit pas pour que notre tarsier valide la faisabilité du projet malgré l’adhésion récente de la start-up à Armateurs de France.

TOWT n’aurait pas réuni les ressources financières suffisantes pour payer ne serait-ce que le premier voilier cargo. C’est ce qu’on croit deviner en lisant le bitter tweet de Guillaume du 27 octobre 2020

Hoping to soon see financial institutions support the real #decarbonization of #shipping according to #PoseidonPrinciples. There is ROI, strong repayment capacity and virtually no carbon. Bankers, time to do your job and seed a wind of change. https://www.towt.eu/wp-content/uploads/2020/08/Trade_Winds_tw_2020-08-07_23.pdf

ÀMHA, ce n’est pas en accusant à demi-mots les banquiers de ne pas vouloir prendre ce risque, que l’épicier intello écolo de Douarnenez trouvera auprès du Crédit des Marins en cale sèche, les 40 millions d’euros qui lui manquent…

Alors qui va payer la facture, soit plus de 4 siècles de son bénéfice comptable de l’exercice 2019 ? Dans les faits, ce sont ceux qui sortiront tous ces millions qui tiendront le gouvernail effectif des opérations.

Et même si la douloureuse était garantie à 100% par un État providence particulièrement épris de réduction d’émissions carbones, ne faudrait-il pas d’abord s’assurer sagement que le 1er voilier traverse sans encombres le mudiq jabal tariq avant de lancer le chantier du second ?

N’oublions pas que peut-être encore plus en mer, le diable se cache toujours dans les détails. Ces 2 commentaires sur LinkedIn identifiés par nos robots araignée envoyés jusque dans ses cales virtuelles, l’illustrent

Quel type d’infrastructure portuaire permet le chargement/déchargement des cales? Pas de problème de cadence avec la baume ou même la voilure? Quel sera le tirant d’air du navire? Merci

Très beau projet. Avez vous déjà choisi le système de traitement des eaux usées à bord ? #MarineFAST

TOWT a proposé aux 2 auteurs qui s’interrogeaient légitimement de leur répondre en privé par émail… Dommage pour l’occasion perdue d’interagir en partageant et validant les solutions trouvées avec la participation de sa communauté.

Modèle Économique (-)

Il n’y a aucune preuve fournie de la rentabilité économique à financer la construction de tels tonnages pour transporter des produits bio.

Un groupe familial dans cette histoire joue à l’armateur de fait sans vouloir débourser pour autant plus que l’équivalent de quelques centimes d’euro sur chaque tablette de chocolat bio future.

CÉMOI est le seul chargeur qui a publié sur le Web son plan d’occupation des cales, synthétisé page 17 de son rapport RSE 2020 détaillant ses engagements. Il aurait sans doute beaucoup à perdre si pour une raison ou pour une autre, ils ne pouvaient être tenus

Dès 2022, CÉMOI inaugurera les futurs Voiliers-Cargos de l’entreprise bretonne «TOWT» (TransOceanic Wind Transport) pour le transport de cacao. À terme, ce seront 12 000 tonnes de cacao CÉMOI au départ de Côte d’Ivoire qui arriveront par voilier au port du Havre, permettant d’économiser 1 500 tonnes de CO2 par trajet.

Naïvement je croyais que c’était l’armateur, c’est-à-dire TOWT, qui fournirait l’équipage, eh ben non… selon le communiqué du chocolatier très entreprenant, écrit par Adocom RP et publié le 4 juillet 2020

CÉMOI a décidé d’associer les élèves ivoiriens de l’Académie Régionale des Sciences et Techniques de la Mer (ARSTM) à son projet de transport par voilier-cargo. Ils auront ainsi accès au module de formation consacré à la voile dispensé à l’École Nationale Supérieure Maritime (ENSM), qui forme en France les officiers de la marine marchande. Ils bénéficieront également d’un enseignement spécifique « Cémoi Cocoa Shipper » dans lequel ils apprendront les conditions de chargement spécifiques au cacao et développeront leurs pratiques sur le monitoring à bord : ventilation et maîtrise de l’hygrométrie.

CÉMOI ou CÉPALUI (Guillaume Le Grand) définit les modalités pratiques de la Route du Cacao empruntée, toujours selon le même document
 
Le cacao concerné par ce transport à la voile partira des centres de production de Yopougon, à Abidjan, pour rejoindre le site de fabrication normand de Cémoi, situé à Tinchebray, dans l’Orne. Dès 2022, le chocolatier remplira les cales à deux reprises, puis à quatre en 2023, huit en 2024 et douze en 2025. Son engagement maritime et décarboné portera à terme sur près de 12 000 tonnes de cacao par an, soit près de 15 % du cacao utilisé annuellement par le chocolatier. (les mots en gras sont de mon fait)

Enfin, ce sont 4 000 m2 de voiles CÉMOI qui fourniront l’énergie principale de l’embarcation, telles qu’on les voit sur cette page du site de TOWT.

Notre mascotte qui décidément dispose naturellement d’une vue à 360° m’a fait remarquer qu’en 2019, Mathieu et Augustin Mulliez, deux jeunes entrepreneurs appartenant à la galaxie Mulliez à l’origine du groupe Auchan, avaient fait leur entrée plutôt discrète au capital de notre boutiquier finistérien.

CÉMOI est à l’origine d’une initiative qui s’appelle Transparence cacao dans laquelle s’inscrit le partenariat avec TOWT. Parmi ses partenaires, on retrouve aussi… Auchan.

Je ne serais pas surpris que via son holding personnel de participations CREADEV, la famille Mulliez devienne finalement le principal financeur des 4 voiliers cargo en étant cette fois largement majoritaire dans TOWT. Cela lui permettrait de garantir l’approvisionnement en chocolat bio de qualité supérieure pour l’ensemble de ses enseignes de distribution alimentaires.

Je vois mal Guillaume se contenter d’occuper une des 6 cabines de luxe, même à vie, dont seront équipées chacun des voiliers dont il avait sans doute imaginé les plans de départ…

TOWT a la note Kc jusqu’au 8 mai 2021. Ce ne sera pas non plus la 12e Start-up of the bitch!

Dimanche prochain, pour clôturer notre triptyque d’une mer décarbonée, je vous présenterai l’analyse Kchehck de la nantaise Neoline.

Vous pouvez en attendant revoir la première partie consacrée à Grain de Sail.

À Suivre…

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