Start-up of the bitch! #5 : Analyse Kchehck de la nantaise Zéro-Gâchis

En 2011, Peter Thiel a créé Thiel Followship via sa fondation. Ce programme permet chaque année à une vingtaine d’étudiant(e)s agé(e)s de moins de 22 ans de recevoir à titre individuel, la somme de 100 000 dollars étalée sur une période de deux ans. Ils sont triés sur le volet par une équipe restreinte sous son autorité directe.

En échange, ses lauréat(e)s doivent s’engager à abandonner leurs études supérieures pour se consacrer corps et âme à la concrétisation de leur projet de start-up. Il n’y a aucune cession d’Equity demandée en contrepartie.

9 ans après, le compte Twitter de cette bourse privée n’est pas périmé et frôle les 12 000 followers.

En 2012, Paul-Adrien Menez a lui aussi quitté avant completion son cursus scolaire à l’ENIB afin de s’occuper pleinement de sa future Putain de start-up !. Il n’avait pourtant pas eu l’opportunité de passer par la case départ du jeu de Monopoly inventé par le fondateur de Palantir

Son profil sur Viadeo nous informe de sa décision

J’y ai passées 4 belles années avant de mettre mes études en stand-by pour me consacrer à 100% sur la création de ma société.

Il y a celles et ceux qui créent leur entreprise pour l’argent et/ou la gloire. Ce n’est pas le cas de Paul-Adrien. Il mérite le qualificatif d’entrepreneur missionnaire par opposition à celui de mercenaire.

Joe Merrill ne me démentirait pas. Il y a une semaine, le V.C. texan a republié sur LinkedIn, une vidéo de Brad Feld précédée de ce court texte

This is exactly why we back missionaries, not mercenaries.

J’ai regardé attentivement le clip partagé par Joe qui caractérise totalement Paul-Adrien dans cet extrait

I’m interested in working with entrepreneurs who are obsessed about what they’re doing, who were put on this planet to actually go after a problem with all their energy for a long period of time.

Sa start-up est une SAS au capital de 7 900 euros co-créée le 3 avril 2012 à Brest avec son frère Christophe et un ami d’enfance Nicolas Pieuchot. Elle emploie maintenant une quarantaine de jeunes salarié(e)s dans l’agglomération nantaise.

Zéro-Gâchis a dans son ADN deux missions

Mission #1 : Permettre aux personnes ayant un revenu minimum de pouvoir mieux se nourrir grâce à des prix au ras des pâquerettes

Mission #2 : Diminuer le gaspillage.

Analysons-la ensemble sous le filtre de nos 3 critères Kchehck.

Communauté (+)

Au début, elle s’est fait connaître auprès des consommateurs, en mettant en avant dans quelques grandes surfaces partenaires, des produits frais ayant une date limite de consommation très proche. Un espace réservé à ses couleurs et leurs discounts importants stickés en facilitaient la découverte et l’achat en évitant aux enseignes de les jeter. Son site web précis et détaillé était mis à jour quasiment en temps réel.

Ce type de communication en ligne n’est plus possible depuis l’application de la loi EGAlim promulguée le 1er novembre 2018. Elle encadre la publicité des denrées alimentaires en promotion.

Recentrée par obligation légale sur la partie BtoB de son activité, Zéro-Gâchis a su évoluer en répondant davantage aux besoins opérationnels et financiers de chaque point de vente.

Elle est surtout active dorénavant sur le réseau des professionnels LinkedIn même si historiquement elle l’était autant sur Facebook ou Twitter.

En synthèse et par dates de fraicheur décroissantes observées ce dimanche 2 août à 8h00

Page Linkedin : 4 127 followers et le post le plus récent a 24 heures. C’est un partage d’un article intitulé Comment limiter les dates courtes dans les rayons publié par Je bosse en grande distribution

Page Facebook : Elle est suivie par 11 693 personnes mais son dernier post date du 12 juin 2020

Compte Twitter : 3 250 qui le suivent pour 683 abonnés et le tweet le plus frais date du 13 février 2020.

Faisabilité (+)

Dans le livre Valley of Genius: The Uncensored History of Silicon Valley (As Told by the Hackers, Founders, and Freaks Who Made It Boom), son auteur Adam Fisher rapporte cette phrase que j’ai prélevée d’un dialogue avec Jordan Ritter

Ingenuity requires three basic things: adversity, scarcity and necessity. And when those three things happen, you invent new things.

Zéro-Gâchis illustre superbement la définition. C’est avant tout une start-up cafard qui évolue dans un environnement très difficile. Les patrons de supermarchés et d’hypermarchés ont la réputation de gérer leur business avec des oursins dans les poches. Il faut préciser que leur marge nette est souvent comprise entre seulement 1 et 2%.

Elle a conçu deux outils que j’ai trouvé particulièrement originaux

En 2017, elle mettait au point EasyTurn, un GPS des dates courtes à destination des employé(e)s de commerce pour s’y retrouver directement dans les rayons sans perdre de temps

En 2019, elle a développé Epsilon, un assistant dont l’algorithme définit la meilleure action rentable pour chaque produit concerné en tenant compte de nombreux paramètres internes et externes.

L’objectif de ce déploiement technologique est triple

– Augmenter les ventes et au final la rentabilité du magasin qui en est équipé

–  Jeter moins

– Donner plus et mieux aux associations caritatives.

Modèle Économique (+)

Il y a bien des concurrents qui ont développé des logiciels de gestion des dates courtes comme en France, Sphinx Manager et Wektoo. Ils ont tous une approche fonctionnelle afin de se conformer pour l’essentiel au Code de la consommation. Il y a aussi la solution Date Check Pro proposée par Pinpoint Software Inc dans le Wisconsin aux États-Unis.

Mais à la différence de Zéro-Gâchis, ces sociétés ne sont pas animées par une croisade contre la faim et le gaspillage menée par un dirigeant missionnaire.

Ce dernier aura toujours un combat d’avance gagné sur le mercenaire. Zéro-Gâchis a rajouté un nom anglo-saxon Smartway pour mieux affronter les marchés internationaux qu’elle a commencé à conquérir.

La start-up se rémunère toujours sur les économies réalisées par ses clients depuis le début d’utilisation de ses solutions.

Smartway n’est pas à l’abri d’exporter un jour prochain ses solutions chez Whole Food Market puis, devenue plus appétissante que jamais, de se faire absorber par la pieuvre de Seattle…

En attendant, je confirme que Zéro-Gâchis rejoint après Oxyledger, Steeple, EcoTree et monemprunt.com le club des 8 bretonnes qui ont obtenu ou obtiendront la note maximale Ka+ cet été. Elle est valide ici jusqu’au 2 février 2021.

 

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