Pour sa 5e édition, Le Poool produisait le mardi 30 juin 2020 Start-up on the beach. Le cabinet de conseil d’origine rennaise Asteryos, qui accompagne les entreprises dans leur plan de financement dans sa globalité, était sponsor officiel de l’évènement.
Cette année, la journée avait été renommée Start-up on the screen et se déroulait en vidéoconférences jouant les prolongations, pour cause de COVID.
Pas de West Web Festival non plus et encore moins de Céline Dion cet été à Carhaix pendant des Vieilles Charrues qui resteront exceptionnellement dans leur grange.
Je n’allais pas pouvoir y suivre et analyser les fameuses start-up battles. Elles étaient habituellement organisées par le dynamique et l’intransigeant de l’horloge, à égalité arbitre/animateur/bateleur, Sébastien Le Corfec.
Juste quand même à garder en mémoire, un mini West Web Festival on the screen le jeudi 16 juillet, à partir de 17 heures. Vous pouvez vous y inscrire gratuitement en ligne à votre tour sur cette page du site de West Web Valley.
Revenons un court instant au pays des corsaires. Le programme malouin consistait à mettre en relation une cinquantaine de start-up avec des investisseurs. Ces derniers ne se mobilisaient pas, vous vous en doutez, afin de jouer au volleyball on the beach ou en 2020, online.
La Bretagne est la Région qui a l’écosystème le mieux organisé et le plus développé en faveur de toutes les jeunes entreprises. Ce n’est pas moi qui le dis mais l’ami numérique, expert en financement de jeunes pousses et belge d’adoption, Jean-Luc Mordoh. J’y inclurais bien sûr la Loire-atlantique.
Pour honorer ce breizh focus, j’ai décidé de consacrer la période estivale à une série d’analyses dominicales Kchehck. Elle a pour titre Start-up of the bitch! C’est un clin d‘œil qui se veut humoristique à Start-up on the beach. Vous pouvez découvrir ici notre parodie de l’œuvre originale, pastiche du prospectus numérique officiel réalisé lui par l’agence de surdoué(e)s Approche Design.
Le nouvel intitulé sonnait pareil à mon oreille. Je tiens à préciser que la reformulation n’a rien de péjoratif pour les intéressées, au contraire. Il faut comprendre ce sens donné dans la définition de Wikipedia consacrée à Fils de pute
Selon Sophie Fisher (maître de conférence en anthropologie à l’EHESS), le terme peut être employé comme une marque d’admiration…
Comme l’écrivent les auteurs de El arte del insulto (Luque et alii 1997) : “L’insulte arrive même à devenir un éloge ou une marque d’admiration : ¡El muy hijo de puta, qué bien juega al fútbol !, dont la traduction Comme il joue au foot, le salaud ou Le fils de pute, comme il joue au foot !”
Start-up of the bitch! m’avait donc inspiré pour consacrer chaque post de la période estivale à l’analyse Kchehck d’une start-up d’exception née en Bretagne. Il ne faudrait pas grand chose pour que nos 5 départements deviennent un nouvel État de Californie. Avec le réchauffement climatique, les palmiers qui habitent nos parcs & jardins ne se sont jamais si superbement portés…
Tout au long de ce voyage du SUMMER 2020, Kchehck sera votre guide. Je ne sais pas encore ce que nous allons y découvrir ensemble. Vous pouvez essayer de m’aiguiller dans le choix des entreprises à sélectionner, si vous le voulez.
Prenons la première de la saison 1, Oxyledger, située dans les environs de Brest. En commençant cette analyse, tout le spectre des évaluations possible était au départ ouvert, du meilleur avec Ka+ ou du pire, Kd. J’espère que la sérendipité de la démarche nous fera surtout découvrir des chercheurs d’or qui identifieront fort probablement de très belles pépites.
Assez blablaté, concentrons nous ensemble sur la medtech et passons en revue nos 3 critères qui détermineront sa note valide pour une durée de 6 mois.
Oxyledger est une SAS au capital de 347 225 euros, née le 12 avril 2019 au bout de la terre à Plouzané (29). Son directeur général est Xavier Moal et son président, Geniovent. Sylvain Guyomarch en est le directeur technique.
Elle s’est donnée pour mission de réaliser une base de données internationale de santé afin de suivre tous les évènements liés à la vie des prothèses et des implants.
En cliquant sur Geniovent, vous découvrirez qui se cache derrière la présidence. Cette information revêt une extrême importance pour saisir tout le potentiel de la start-up. Je veux seulement vous révéler pour l’instant qu’il s’agit d’une SASU au capital de 1 000 932 euros.
Communauté (+)
J’ai rajouté le signe + malgré l’absence, je l’espère provisoire, d’Oxyledger sur les réseaux sociaux. Je vous en donne les 3 Raisons
Raison #1 : Oxyledger s’attaque à un immense problème qui touche potentiellement beaucoup de monde, la traçabilité des dispositifs médicaux implantables dans le corps humain. Sur le site de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, vous pouvez découvrir tous les couacs légalement déclarés par des fabricants de prothèses. Il ne faut pas être surpris qu’ils représentent une machine infernale à produire de la défiance en boucles continues
Raison #2 : Le centre hospitalier brestois est devenu actionnaire d’Oxyledger à hauteur de 10 % du capital. Le partenariat établi en conséquence représente pour la start-up une mine d’information pour orienter ses efforts de recherche et développement. Elle évitera de cette façon ce que Marc Randolph nomme building imaginary castles in your mind, dans son excellent livre That Will NEVER Work.
Raison #3 : Oxyledger veut instiller de la transparence à tous les étages grâce à son futur registre scellé dans une blockchain. Cet établissement de verre indestructible sera ÀMHA vecteur de confiance retrouvée et illimitée parmi tous les acteurs, fabricants, hôpitaux, patient(e)s mais aussi autorités de santé.
Son mode opératoire débute ainsi sur des bases solides à Brest même si la planète est sa véritable destination.
Faisabilité (+)
Malgré que nous en soyons encore au stade du Proof of Concept et que le Minimum Viable Product ne soit pas disponible, j’ai également rajouté un signe positif pour le deuxième critère de la Faisabilité. Je dois dire que j’ai été influencé par le profile professionnel de son président.
Derrière Geniovent, il y a Jean Chaoui, ingénieur d’origine syrienne, qui avait créé IMASCAP en 2009. Il cumule depuis sa revente à Wright Medical, les fonctions de son Chief Software Technology Officer, en plus du mandat chez Oxyledger, via son holding personnel.
Jean Chaoui, en s’entourant de Xavier Moal et Sylvain Guyomarch, a su s’assurer l’exclusivité des services de deux grands professionnels entraînés à la réalisation de nombreux projets informatiques chez le prestataire local Altran.
Modèle Économique (+)
En répondant à un véritable besoin grâce à son écoute attentive des praticiens du CHU de Brest, je ne doute pas que son futur outil puisse trouver preneur auprès de tous les professionnels de santé concernés.
Je n’ai trouvé qu’un seul concurrent en France avec la start-up Bonetag qui a la même ambition que Oxyledger.
D’après societe.com, elle a été créée le 13 mars 2014 à Perpignan par Stéphane Naudi, chirurgien orthopédiste.
Elle semble disposer d’une avance dans la partie connection de la prothèse en ayant mis au point une puce RFID ou Radio Frequency IDentification non alimentée par batterie et qui s’insère précisément dans l’emplacement de l’implant prévu à cet effet.
Ma recommandation serait que Oxyledger et Bonetag scellent une alliance où chacune se spécialise, Oxyledger dans la partie logiciel et Bonetag, dans l’objet interne connecté. Les deux réunies formeraient ainsi par exemple, TagLedger, afin de conquérir le monde. Le maintien de deux start-up dans deux régions différentes de l’hexagone avec une activité identique est un total non sens économique à l’échelle darwinienne de notre map entrepreneuriale.
La Banque Publique d’Investissement devrait jouer le rôle d’entremetteuse afin de créer ce potentiel prochain champion mondial d’origine française.
Pour moi le véritable boss de Oxyledger est dans les faits Jean Chaoui. Sa précédente start-up avait développé un logiciel d’aide aux chirurgiens orthopédistes. Elle a été rachetée pour un montant reporté de 75,1 millions d’euros en décembre 2017 d’après un article de Ouest-France.
Pourtant il n’apparait pas dans les différents articles consacrés à sa nouvelle start-up. J’ignore la répartition du capital et le contenu du pacte d’actionnaires. Je ne serais cependant pas surpris qu’il en devienne le CEO effectif dès il aura pu se libérer de sa probable obligation, aussi contractuelle que commune, de rester 3 ans chez l’acquéreuse. Just my guess…
Kchehck décerne à Oxyledger la note maximale Ka+ avec une précision chirurgicale à tracer dans la durée.
Très bonne analyse Bravo! Je pense que Brest à tout pour devenir une place forte medtech de niveau mondial. Avec Jean Chaoui comme role model et maintenant BA dans les nouvelles startups et avec le CHU de Brest qui est le seul CHU français à investir dans des startups. Intradys est le nouvel exemple de ce modele vertueux et mériterait aussi un Kchehck!
Merci John pour ton commentaire et je prends bonne note de ta suggestion d’une autre start-up que je ne connaissais pas…
Oui c’est quand même surprenant que le CHU de Brest soit le seul établissement hospitalier à investir dans des start-up. Pourtant la loi qui l’autorise ne date pas d’hier même si elle est relativement récente…
Dommage pour Brest que l’initiateur de la signature de l’accord soit parti prendre la direction de l’hôpital de Nantes au 1er juillet de cette année.