Dans les temps anciens, si vous étiez pauvre mais respecté, vous ne pouviez pas mourir de faim ; au contraire, si vous étiez riche et détesté, aucune somme ne pouvait vous offrir paix et sécurité. (Cory Doctorow – Dans la dèche au royaume enchanté – 2008)
Les plateformes de Crowdfunding permettent aujourd’hui à tout individu, même sans réelle expérience ou qualification, de financer la réalisation de n’importe quel projet par les Foules Participatives, sans recourir au prêt d’une banque ou à l’infusion de capital à effet dilutif d’investisseurs professionnels.
Nous sommes au tout début de l’ère du Crowdfunding et le succès financier d’une campagne dépend encore essentiellement de son niveau de coolitude et pas de la capacité prédictive de son créateur à tenir ses engagements, par ailleurs plus ou moins réalisables…
L’agora du Crowdfunding inversera progressivement et irréversiblement cette hiérarchie erronée des valeurs, en affichant publiquement la réputation de chaque créateur.
Ce qui devient le plus précieux et le plus rare, ce n’est plus le montant de dollars ou d’euros accumulés sur une plateforme de Crowdfunding, mais la bonne réputation en ligne de son créateur.
Un professionnel inscrit sur LinkedIn contrôle 100% des informations affichées sur son profil. Chaque portrait est un selfie, qui permet à son auteur de satisfaire avant tout, son besoin naturel d’amour-propre, voir un ego hypertrophié.
L’utilisateur enregistré sur ce réseau social est l’équivalent de la reine, utilisant son miroir magique dans Blanche Neige : Miroir, miroir en bois d’ébène, dis-moi, dis-moi que je suis la plus belle. A la différence du miroir du conte des frères Grimm, LinkedIn ne fera rien pour contredire les déclarations de cet utilisateur, au nom de la neutralité revendiquée de la plateforme.
Par opposition, l’agora du Crowdfunding sera un système dynamique d’établissement de la réputation individuelle des créateurs, en mobilisant exclusivement l’intelligence collective des foules. Le moi je, personnellement du créateur, n’aura pas sa place ou seulement en commentaire ouvert aux avis des contributeurs potentiels enregistrés.
La réputation de tout créateur sera établie en fonction non pas de ses auto-déclarations, mais de ses actions positives et négatives, passées et présentes, sur les plateformes de Crowdfunding et pourquoi pas, au-delà.
Le poids de ce capital social acquis par un créateur sur l’agora du Crowdfunding permettra aux contributeurs potentiels de savoir s’ils peuvent participer à sa nouvelle campagne de Crowdfunding, et avec quel niveau de confiance.
Peut-on déjà détecter d’un simple clin d’oeil et par la seule force de l’intuition, qu’un projet soit potentiellement frauduleux ou plus simplement, qu’un créateur risque de ne pas tenir ses engagements ?
Je réponds oui sans hésitation, en me basant sur les travaux passés de Kristin Stecher, à l’époque chercheur à l’Université de Washington et Scott Counts, chercheur à Microsoft. Ils ont démontré, dans une étude parue en 2008, intitulée Thin Slices of Online Profile Attributes, la valeur prédictive d’une première impression, établie à partir de la lecture de profils en ligne, composés de photos et d’informations succinctes.
Alors nous n’hésiterons pas à dégainer notre bullshit detector individuel sur l’agora du Crowdfunding et examinerons rapidement le profil de chaque créateur et son projet, en texte, image et vidéo. Des milliers de campagnes en cours de financement devront être examinés et il est important de savoir, qu’il suffira pour chaque campagne, de quelques minutes, afin d’identifier les anomalies qui seront ouvertes aux commentaires de tous les utilisateurs enregistrés.
Ce speed-checking consistera à lire le descriptif du projet et le profil affiché de son créateur et de son équipe.
Le bullshit detector pourra s’activer au bout de 5 minutes maximum, si nous découvrons une ou plusieurs de ces 3 alertes :
Alerte #1 : Le projet est trop incroyable pour être vrai
Rappelez-vous de ces branchies artificielles nommées Triton, permettant de nager sous l’eau comme Dory le poisson tropical de Pixar. Quand un projet semble tout droit sorti du monde de la fiction, il ne faut pas hésiter à activer immédiatement son bullshit detector.
Alerte #2 : Les membres de l’équipe ne sont pas présentés par leur nom de famille ou ils sont avec le créateur, sans expériences professionnelles en rapport avec leur projet.
La cas caricatural est la lightfreq où seuls les prénoms des membres de l’équipe apparaissaient sur la page Kickstarter. Le créateur a ensuite disparu sans laisser d’adresse et bien sûr sans livrer ses contreparties…
Il y a aussi les campagnes de Crowdfunding où les créateurs sont des lycéens ou des étudiants. Je peux citer les projets dont je vous ai livré déjà mon analyse : le réveil olfactif Sensorwake, l’imprimante 3D Tiko ou la machine expresso Pid-Controlled Espresso.
Alerte #3 : Il n’y pas de prototype fonctionnel
Le cas le plus célèbre est celui du Zano qui a fait perdre je le rappelle, plus de 3 millions d’euros à des milliers de contributeurs. Cette campagne de Crowdfunding cumulait pourtant les 3 alertes pour déclencher son bullshit detector, avant de sortir son précieux argent : le rapport performance/prix était trop incroyable pour être vrai, le créateur n’avait aucune expérience antérieure réussie dans la fabrication de drones et enfin la vidéo était bourrée de trucages, à la portée de tout étudiant équipé d’une caméra type GoPro et d’un logiciel d’effets spéciaux.
Je pense qu’il serait peut etre + intéressant de lancer une extension un peu à la manière de WOT: https://www.mywot.com/
qui afficherait un rond rouge ou vert selon la véracité de la campagne.
Cela pourrait permettre également la saisie d’un court commentaire pour l’évaluer.
Car, je vois mal les gens venir sur un site pour parcourir les projets rééls ou pas.
A mon avis, il faut les laisser aller à leur habitude (kickstarter, ulule…) et enrichir leur experience.
Bonjour Yohann,
C’est une piste qui semble très prometteuse et qui mérite d’être approfondie me semble-t-il. D’autres avis ?
Michel
Great post! I’ve been working on some ML algorithms based on similar research – I really like the WOT concept Yohann mentioned. I have a tremendous amount of data and insight I’d love to kick around if your interested
Hi Six,
Thanks for your comment. We’re with Yohann very interested to include you on board. How would you like to proceed? Yohann have just started today to produce some code for a kind of pre alpha version on Chrome for Kickstarter.com acting like Wot (I’ve not yet tested it).
Excellent! Is it possible for us to move this conversation to a Google Hangout or something similar for easy of communication? I think our ideas would be very complementary as coding is not my strength but data is as well as building/training some ML API models that have high accuracy