Il se murmure que la prochaine assemblée générale de Qwant serait imminente à la suite du conseil d’administration qui s’est tenu le 5 décembre 2019 selon Le Canard Enchaîné.
La forte personnalité du cofondateur Éric Léandri, ne laisse personne indifférent au point que ses détracteurs le voient un peu trop facilement ÀMHA, comme la cause de tous les maux de l’entreprise. Bref, il ferait un coupable idéal à sacrifier publiquement !
Je ne suis pas sûr que si on le remplaçait par un cadre supérieur aseptisé, les choses s’arrangeraient comme par enchantement. On a vu ce qu’avait pu donner ce genre de décision chez Apple avec l’éviction en 1983 de Steve Jobs, vite catalogué aussi pour son style de management difficile, au profit d’un “ancien vendeur d’eau sucrée”, John Sculley.
Pour bien comprendre la genèse de Qwant, j’ai voulu d’abord remonter à sa naissance grâce à Wikipedia…
Qwant est fondé en à Nice par l’investisseur Jean-Manuel Rozan, par Patrick Constant via sa société Pertimm (qui a développé d’autres moteurs de recherche pour la grande distribution et autres services commerciaux) et par Éric Léandri.
Le moteur de recherche est officiellement lancé le en version bêta dans 15 pays et en 35 langues, puis en version définitive le dans sa version française après un an et demi de recherche et développement.
Dans les faits, la clé du Plan Kchehck que je vais vous présenter est entre les mains des représentants du sommet de l’État français, sans doute jusqu’à Emmanuel Macron, le Président de la République lui-même.
Arrêtons de nous cacher la face, de tourner autour du pot, le procédé énoncé dans quelques instants est pratiqué dans le pays dit le plus libéral au monde. Les GAFAM n’existeraient pas sans les commandes opportunistes de l’État américain et/ou de ses nombreux satellites.
Depuis le début, Qwant a été conçu pour se déployer naturellement un jour, d’une manière ou d’une autre, sur les 2,5 millions environ de postes de travail appartenant à la fonction publique.
Patrick Constant et Éric Léandri sont des ingénieurs Télécom. Le premier a créé également la société Pertimm en 1997. Pour faire simple, c’est une entreprise de services du numérique ou ESN qui propose des moteurs de recherche sur mesure à des grands comptes.
Ce que je veux souligner, c’est que l’ADN de Qwant est composé exclusivement d’une culture d’ingénieurs et non de marketeurs.
Cela explique les destins fort différents de deux acteurs, un de chaque côté de l’Atlantique. Ils partagent pourtant une même mission, proposer un moteur de recherche qui vous garantit de naviguer de manière anonyme et de ne pas vendre vos données personnelles.
DuckDuckGo a été créée par Gabriel Weinberg en Pensylvannie dès 2008. Il est le coauteur d’un excellent ouvrage de marketing pratique intitulé Traction: How Any Startup Can Achieve Rapid Customer Growth paru en 2015. Gabriel Weinberg y raconte les débuts de son moteur de recherche en mode bootstrapping. Avec Justin Mares, ils exposent de manière détaillée les différentes méthodes à tester pour attirer et fidéliser des millions d’utilisateurs.
Ainsi leur livre nous apprend que dès ses premiers jours, DuckDuckGo s’est appuyé sur la communauté
DDG had a rather uneventful launch, if you can call it a launch. I posted it to a niche tech site called Hacker News and that was the long and short of it. The post was entitled “What do you think of my new search engine?
…
For example, those initial conversations led me to investigate search privacy and eventually become “the search engine that doesn’t track you,” years before government and corporate surveillance became a mainstream issue. (les mots en gras sont de mon fait)
…
Traction and product development are of equal importance and should each get about half of your attention. This is what we call the 50 percent rule: spend 50 percent of your time on product and 50% percent on traction.
Si demain Qwant était abandonné, les utilisateurs nouvellement orphelins pourraient se consoler en switchant sans gros problèmes d’adoption, sur le site d’origine américaine, la version française de DuckDuckGo étant déjà fully opérationnelle !
DuckDuckGo, c’est du consistant. On retrouve parmi ses actionnaires, AVC, la célèbre société new-yorkaise de capital risque. DDG (pour les intimes) n’a consommé que 13 millions de dollars de capitaux extérieurs en seulement deux tours d’après Crunchbase. C’est moins d’un tiers des ressources brulées par Qwant en 3 ans de moins. La frugalité des débuts ne semble pas les avoir quittés et l’entreprise serait profitable depuis 2014.
Le moteur de recherche made in USA fonctionne avec seulement 78 collaborateurs comme tient à le préciser Fred Wilson d’AVC, dans un tweet daté du 24 novembre
“It’s not a fair fight, but it is one, oddly, that the small guy can compete. It might seem ludicrous – DuckDuckGo has 78 employees and Google 114,096 – but often the outcome is the same. For the majority of your searches David, it turns out, is just as good as Goliath.”
À l’image de Qwant, DuckDuckGo fait appel aux technologies Bing de Microsoft.
Nous ne devrions donc pas comparer Qwant à Google mais à DuckDuckGo. Pour le marché grand public, DuckDuckGo est mieux armé pour conquérir la France que son cousin éloigné niçois.
Toujours d’après Wikipedia, en , DuckDuckGo fut classé environ 166e site Web mondial en termes de trafic par le cabinet d’études Alexa. La moyenne des recherches direct par jour est de 41 927 286
Alors me direz-vous, que reste-t-il comme perspectives pour Qwant si il doit oublier, contraint et forcé, le marché BtoC ?
À l’aide de Kchehck, je fais 5 Recommandations Principales pour tenir compte de manière lucide d’un environnement global concurrentiel qui défie totalement toute géopolitique des frontières.
Recommandation Principale #1 : L’État pourrait passer une commande de licences auprès de Qwant pour 5 euros hors taxes par poste de travail et par an, sur une période de 5 ans renouvelable par reconduction tacite. Sur l’hypothèse de 2,5 millions de postes de travail, cela ferait un revenu de 12,5 millions d’euros par an, ce qui devrait couvrir les charges fixes de Qwant.
Après tout je ne fais que prendre au mot les déclarations de ses plus hautes autorités sur l’importance de Qwant pour la souveraineté numérique. Cédric O parle de circulaire et moi en entrepreneur, en bon de commande signé, ferme et définitif, chacun ses références…
Bien sûr cette décision n’est possible que si la direction interministérielle du numérique, la DINUM qui a succédé à la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État ou DINSIC, donne son feu vert après l’audit approfondi réalisé. Ses conclusions n’ont toujours pas été rendues officiellement publiques à ce jour.
Recommandation Principale #2 : Qwant rachète 100% des actions de Pertimm qui a développé la technologie Viky, qui serait l’équivalent de BERT chez Google. D’après Stéphane Erard qui échangeait avec moi dans une série de tweet sur le sujet, On doit pouvoir se servir de viky pour l’indexation comme pour la compréhension d’une requête par rapport à un index.
Recommandation Principale #3 : Qwant rachète ses propres parts émises et détenues par Alex Springer, transaction rendue d’autant plus urgente et nécessaire que le groupe de presse est en train de passer sous pavillon américain…
Recommandation Principale #4 : On ne touche pas à l’équipe dirigeante actuelle.
Recommandation Principale #5 : On fait appel à l’entregent tweeté récemment de Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, avec Eric Schmidt pour qu’il réussisse à convaincre ce dernier, d’accepter des fonctions de conseiller spécial à distance auprès d’Éric Léandri. Les permutations sont aussi fréquentes que naturelles dans la Silicon Valley et Eric Schmidt n’exerce plus aucune responsabilité chez Google…
À travers l’exposé succinct de ce plan, voilà au moins matière à discussion pour animer la prochaine AG entre actionnaires de Qwant…
Je voudrais particulièrement remercier tous ceux qui ont bien voulu me donner leur grain de sel via Twitter afin de rendre plus digeste cette tourte aux 3 canards que je viens de vous présenter : PirateDeLaPrivacy, Guillaume Pitel, Philippe Méda, Albert Bornéo, Benoît Granger, Christophe Gherardi, Annuaire Francais et Stéphane Erard.