La filiale française de LinkedIn a publié le lundi 15 octobre 2018, sous la plume de Sandrine Chauvin, son classement des 25 start-up les plus attractives en France avec un fort tropisme parisien. Le biais géographique a été remarqué à juste titre, par plusieurs lecteurs sans doute provinciaux, dans la partie commentaires en dessous de l’article de la rédactrice en chef du premier réseau social professionnel occidental.
Pour avoir l’honneur de concourir, les start-up devaient être âgées de moins de 7 ans, être indépendantes, avoir leur siège social en France mais surtout employer un minimum de 50 personnes ! D’où mon impression toute personnelle d’un arrière-goût prononcé d’éclatement très prochainement, bis repetita, d’une nouvelle belle bulle Internet.
Je me suis autorisé cet aparté afin d’illustrer que décidément l’attractivité, comme la beauté, c’est une appréciation bien trop subjective pour que l’on puisse prétendre en tirer des conclusions à dimension de vérité universelle.
Dans un mélange des genres dû peut-être au déclenchement de ce seuil, certaines des entreprises sélectionnées sont plus des prestataires de service que de véritables start-up, seules capables de transformer le talent des femmes et des hommes qu’elles emploient en produits vraiment scalable à l’échelle mondiale.
Dans cette sélection principalement de parigots, il n’y a sans réelle surprise aucune licorne, à la différence des classements britannique avec les néo-banques Revolut ou plus récemment Monzo et américain qui intègre dès la première place, le concurrent de Uber, Lyft. Aucune mention non plus de chiffre d’affaires, pour ne pas faire fuir les âmes sensibles à la réalité des chiffres…
Fin du suspens, les 3 start-up françaises les plus attractives à la sauce LinkedIn sont dans l’ordre Payfit, Snips et Qonto. Elles ont été sélectionnées pour monter sur le podium, apparemment à partir de l’application de 4 Critères Maison. Après tout, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.
Critère Maison #1 : La croissance des effectifs sur un an, au minimum de 15%
Critère Maison #2 : Les interactions de non salariés sur LinkedIn avec la page de l’entreprise et les bios de ses employé(e)s
Critère Maison #3 : L’intérêt pour les offres d’emploi diffusées par la startup
Critère Maison #4 : Sa capacité à débaucher des cadres de grands groupes, illustration supposée d’une guerre des talents à l’avantage des start-up choisies.
Bref, ce quadruple filtre suffirait pour identifier les jeunes pousses qui sont à la pointe des innovations en France.
ÀMHA, ce sont surtout celles qui ont réussi à lever des dizaines de millions de dollars en osant promettre à leurs investisseurs de décrocher au minimum la lune, voir de s’engager à réaliser l’impossible. Toujours cet arrière-goût en bouche désagréable d’éclatement imminent de bulle Internet…
Payfit, Snips et Qonto ont respectivement levé : 19,5 millions de dollars, 24,7 millions de dollars et 36,1 million de dollars. Avec autant de millions sur leurs comptes en banque, ces start-up ont recruté sans avoir trop à se soucier de rentabilité à court ou moyen terme.
Elles continuent à attirer de nouvelles recrues, en leur offrant à volonté des smoothies bio, des repas gratuits et autres perks, goodies ou amenities… au choix.
Afin d’être attractive pour le maximum de candidat(e)s, Snips a publié sur sa page emploi
On top of a competitive salary, we offer many perks including relocation assistance and visa sponsorships, laptops, maker kits, language classes, sports classes (spinning, yoga, boxing, climbing etc), full health insurance, a transport card and free lunches every day! We’re also family friendly and offer daycare sponsorship.
Après tout Ça ne coûte rien, ce sont les actionnaires qui payent ! pour reprendre en l’adaptant quelque peu, la célèbre formule d’un ancien Président de la République…
Tremblez, Apple et Amazon: Un assistant vocal intelligent, comme Siri ou Alexa. Contrairement à ses concurrents américains, le programme fonctionne sans envoyer les données des utilisateurs dans le cloud, et respecte donc leur vie privée. Un pari fou sur le point de se réaliser: Snips doit sortir son 1er assistant grand public fin 2019. | Effectifs: 72* | Siège social: Paris | Armée de robots: 16.000 développeurs utilisent les outils Snips pour bâtir leurs propres assistants personnels.
Pourtant l’assistant vocal intelligent ressemble dans les faits, plus à une télécommande vocale sous la forme inachevée d’un kit nu, qu’à un hub d’accès à des services vocaux tel que l’Alexa d’Amazon.
L’article se conclut quand même par une petite lueur de lucidité à la forme interrogative et/ou de doute
Ces jeunes pousses continueront-elles à croître aussi vite et à disrupter le monde d’aujourd’hui et de demain? Difficile à prédire,…
Je comprends que la seule croissance en terme d’emplois soit le gagne-pain de LinkedIn et que l’entreprise ne fasse que défendre après tout son fonds de commerce, mais s’il vous plaît, relativisons alors la portée du mot attractivité.
je termine par un tweet de Michel de Guilhermier, le 28 octobre
Quand on a la chance d’être actionnaire d’une start-up avec une croissance exponentielle, des economics incroyables et un potentiel dément et bien… on dit rien ! On reste sous le radar et le jour où on fait 30M€ de CA et 10M€ d’EBIT, on avisera !
Je lui avais répondu
Pour éviter les concurrents potentiels ?
question à laquelle l’entrepreneur et investisseur multi-récidivistes avait répondu en la retweetant, précédée de ce commentaire
Notamment, mais aussi pour éviter la pollution des media et rester avant tout focus sur l’exécution !
Et si LinkedIn rajoutait afin d’établir son palmares 2019, ces 2 critères : Un chiffre d’affaires minimum de 30 millions d’euros et un EBIT de 10 millions ? Et par la même occasion, supprimait le critère de l’effectif… Chiche ?