Le jeudi 28 mai 2020, un des lecteurs réguliers de michelnizon.com, Fiscalité et Impôt, m’avait envoyé un premier message direct sur Twitter
Bonjour Michel, https://linkedin.com/company/my-job-glasses/ a levé 5 millions d’euros, une petite analyse peut être ?
Je lui avais répondu
Bonjour, je vais regarder cela. Ton avis ?
Alexandre
pas trop creusé, juste regardé leur site qui est très léger, du mal à comprendre le business model (mais je répète je n’ai pas creusé)
Moi
OK pas de soucis, c’est déjà très bien de m’apporter sur un plateau de nouveaux sujets pour le blog. Je vais y réfléchir…
Alexandre
avec plaisir!
Moi lundi 1er juin
Bonjour , j’ai commencé à tout juste survoler la start-up “Mes lunettes de travail”. C’est un très bon sujet pour mon prochain blog post de dimanche soir. Merci encore !
Alexandre
Hello Michel, j’attends avec impatience ton analyse. Bon lundi, Alexandre.
Nous sommes le dimanche 7 juin et je vous livre sans plus tarder l’analyse Kchehck de la start-up My Job Glasses.
L’entreprise a été créée il y a 4 ans et demi par Émilie Korchia et Frédéric Voyer.
En ce début de période de déconfinement, My Job Glasses venait d’annoncer sa dernière opération en capital comme le révélait un article des Echos de Camille Wong daté du 27 mai
Créée fin 2015, elle annonce une nouvelle levée de fonds de 5 millions d’euros, bouclée avant la crise, auprès de ses investisseurs historiques et fait entrer à son capital le fonds Alliance Entreprendre.
My Job Glasses ou Lunettes de travail porte bien son nom. Elle a mis au point THE entretien d’orientation pré-embauche à destination des étudiant(e)s de l’enseignement supérieur. Pendant une heure ou plus si affinités communes, un(e) étudiant(e) pourra rencontrer un(e) professionnel(le) de son choix afin de lui poser toutes les questions relatives à son entreprise et au quotidien de sa journée de travail type.
La ou le professionnel(le) jouera son rôle de parrain pour l’aiguiller dans ses décisions, voir davantage, si elle ou il détecte un(e) potentiel(e) futur(e) collègue.
Bref, My Job Glasses est le chaînon qui manquait entre les études et le monde professionnel.
Communauté (+)
Elle est en quelque sorte l’enfant naturel de LinkedIn. Elle a su exploiter à son avantage la plate-forme professionnelle, pour alimenter la sienne, sans pour autant tomber dans le travers du copier-coller.
Restons un peu plus longtemps sur le premier réseau des professionnels. Si vous voulez mesurer la puissance et la profondeur de la communauté de My Job Glasses, il vous suffit d’examiner son post annonçant sa levée de fonds. Sa communication a généré 1 647 likes et assimilés ainsi que 577 commentaires au dimanche 7 juin à 8 heures. La start-up a 8 128 personnes qui suivent sa page !
J’ai remarqué par la lecture de ces centaines d’appréciations de professionnels, mentors ou clients, qu’elle avait su mettre en action la formule de David Meerman Scott
turn fans into customers and customers into fans…
Émilie et Frédéric n’avaient pas oublié de faire l’effort et de prendre le temps de répondre personnellement à chacun(e) de leurs fans.
Faisabilité (+)
My Job Glasses a résolu de façon aussi méthodique que pragmatique, le fameux problème de l’œuf et de la poule commun aux débuts de toute nouvelle plate-forme.
Elle fait intégrer son outil dans le cursus pédagogique obligatoire des étudiant(e)s en offrant aux écoles et universités son atelier Réseau by My Job Glasses. La présence de milliers d’étudiants ainsi préparés à leurs futurs entretiens la rend incontournable pour les nombreux professionnels qui proposent leur disponibilité afin de rencontrer ces jeunes.
La plate-forme est ouverte à toutes les personnes qui veulent devenir mentor bénévole. My Job Glasses sait ici exploiter intelligemment les besoins altruistes de cadres confirmés qui trouveront à travers ces courtes sessions, une forme de réalisation et de reconnaissance personnelles.
Chacun(e) note l’autre après un entretien, ce qui garantit la qualité des interactions.
Modèle Économique (+)
Dans la catégorie Entretiens d’orientation pré-embauche, je n’ai trouvé aucun concurrent ayant poussé leur industrialisation aussi loin.
My Job Glasses est de facto le seul fournisseur de lunettes de travail pour des étudiants indécis par leur avenir professionnel.
Si l’inscription sur la plate-forme est gratuite pour les étudiants et les mentors, elle est dans les faits financée par les entreprises qui l’ont intégrée au profit de la visibilité supplémentaire de leur réputation en tant qu’employeur.
Leurs nombreuses clientes : Sécurité Sociale, Marine Nationale, Société Générale, Natixis, Saint Gobain, L’Oréal, BearingPoint, Butagaz, JCDecaux, Maison Van Cleef & Arpels (Groupe Cartier),… sélectionnent parmi leurs salarié(e)s, celles et ceux qui ont le profil afin de devenir leurs ambassadrices/ambassadeurs pour animer ces entretiens. Il seront formés à leur conduite par My Job Glasses.
Chaque étudiant ayant suivi l’atelier Réseau s’engage à en rencontrer 3 sur une période de trois mois.
Décidément My Job Glasses ne laisse rien au hasard !
Un article de rh matin du 28 mai signé Philippe Guerrier, que m’avait mentionné Fabien Raynaud, nous éclaire sur le prix de la prestation
Pour les entreprises, un modèle premium a été installé autour de fonctionnalités technologiques plus poussées et de packs d’abonnement commercialisés en fonction du nombre d’accès requis au service My Job Glasses (comptez 48 000 euros HT par an pour 50 ambassadeurs en guise de prix standard).
My Job Glasses rejoint sans hésiter le Club Exclusif et ultra sélectif Kchehck des start-up recevant la note maximale Ka+.
J’ai 3 recommandations afin que My Job Glasses devienne définitivement synonyme de l’entretien d’orientation pré-embauche
Recommandation #1 : Ne pas diluer la marque
Il pourrait être tentant pour Émilie et Frédéric afin de satisfaire leurs nouveaux actionnaires, de jouer son extension. La tentation existe en effet de vouloir trouver de nouveaux usages liés au recrutement.
ÀMHA, My Job Glasses est plus EdTech que HRTech.
Cette distinction est d’autant plus essentielle avec la crise économique actuelle. Ses conséquences sont décrites ici par Georges Vaccaro, principal associé du cabinet de recrutement toulousain Adviabilis
Myjobglasses est une idée pertinente, mais malheureusement pas pour la “génération Covid” (750 000 étudiants en fin de cursus vont prochainement débouler sur le marché du travail) qui risque d’être la « génération sacrifiée » sur l’autel de l’emploi. Les employeurs auront d’autres priorités (en dehors de quelques secteurs : santé, agro alimentaire, transports,…) que de valoriser leur marque employeur. Ça serait prendre le risque de les “faire baver devant la vitrine” !
Il est donc important de désindexer l’utilisation de l’outil à l’augmentation court terme du taux de chômage chez les jeunes en clarifiant davantage son positionnement en tant qu’outil de formation avant tout.
Recommandation #2 : Développer les entretiens en ligne
J’ai remarqué que pendant la période de confinement, My Job Glasses avait commencé à développer l’usage des solutions vidéo de communication à distance. Elle doit accélérer ce développement pour l’organisation des entretiens individuels.
Recommandation #3 : Mettre au point le simulateur d’entretien d’orientation pré-embauche
Je vous propose de nous projeter fictivement dans 5 ans.
En 2025, en partenariat avec Epic Games, My Job Glasses avait totalement virtualisé sur Fortnite ses Job Glasses pour en faire l’outil de simulation, standard de sa catégorie. Il préparait chaque étudiant(e) de la planète à son intégration professionnelle réussie dans une organisation réellement désirée et conforme à son profil.
Cette année-là, la vainqueure de son concours #OneDayWithaCEO avait pu vivre l’expérience unique d’un entretien exceptionnel one to one prolongé avec l’avatar de Xavier Niel, à l’intérieur du métaverse.
J’espère avoir répondu aux interrogations d’Alexandre concernant cette jeune pousse française hébergée jusqu’à ce jour chez Station F.
* Expression ouvrir les chakras répétée à deux reprises par Jean Bienaymé, Directeur International Marketing & Communication de la Maison Van Cleef & Arpels lors de son interview le jeudi 14 mai 2020 à 18 h avec la cofondatrice de My Job Glasses, Émilie Korchia. Vidéo du webminar disponible sur YouTube ici (à partir de 27:03 environ)
Merci Michel pour ce nouvel article toujours aussi pertinent.
Je connais bien la plate-forme MyJobGlasses, l’ayant découvert comme toutes les autres innovations et startups que je suis, puis devenu un mentor au sein de la plate-forme pour partager mon expérience auprès des étudiants.
Au-delà de l’aspect communautaire à construire, toute l’ingéniosité a été de trouver le bon business model. La startup répond à un vrai problème (combler le gap entre la vie étudiante et le début de la vie professionnelle). Mais aucun des deux principaux intervenants n’était monétisable. L’étudiant n’a pas suffisamment de moyens, et le professionnel donne déjà de son temps. Les fondateurs ont su trouver le bon créneau en monétisant les entreprises qui veulent “vendre” leur marque employeur, tout en initiant les étudiants à la démarche réseau. L’offre et la demande se sont rencontrés et la monétisation est au rendez-vous.
Merci Fabien de votre témoignage en tant que Mentor et réflexion sur My Job Glasses. Oui je suis d’accord sur l’ingéniosité de leur business model.
Merci Michel d’avoir répondu à ma demande d’analyse. Cet avis me semble on ne plus juste. Et désormais je sais quoi pensez de My Job Glasses.
Merci également à Fabien d’avoir donné son avis en tant que mentor, c’est un plus.
Bonjour Michel, merci pour votre analyse très poussée. Nous sommes ravis d’obtenir la note maximale qui vient récompenser le travail de toute l’équipe ! 🙂
Et en bonus ils répondent à l’analyse Kchehck. Tu n’as plus besoin de filer aux USA Michel, l’espoir renaît !
Oui la culture de la Silicon Valley est en train de continuer à imprégner la France !