Le Prix de l’Entrepreneur de l’Année organisé par la société d’audit britannique EY (anciennement Ernst & Young) constitue l’opportunité de décerner en France plusieurs dizaines de prix dont celui de la Start-Up de l’Année.
En 2016, ce prix a été accordé à Actility, une entreprise de Lannion qui fait dans les réseaux pour objets connectés. En 2015 (derniers chiffres publiés), cette start-up bretonne créée en 2010, a réalisé un chiffre d’affaires de 5 669 600 euros pour une perte nette presque équivalente, de 5 202 200 euros. Elle a levé à ce jour environ 100 millions d’euros… Vouloir devenir coûte que coûte une licorne n’a semble-t-il pas de limite de prix pour ses investisseurs !
Concernant l’édition 2017, parmi les nombreuses candidates, certaines ont déjà fait appel à l’Equity Crowdfunding ou au Crowdfunding comme Tiwal, Blacknut et 3D Sound Lab. À l’occasion de ce concours EY, le portrait de chacune de ces start-up a été présenté sous forme d’un article dans Ouest-France en incluant chaque fois, une courte vidéo-interview de l’un de ses dirigeants.
À mon humble avis, le succès futur d’une start-up est inversement proportionnel à l’utilisation par ses fondateurs de Vanity-Speeches, mais je ne demande pas mieux que de me tromper… humilité oblige. 😉
Les Vanity-Speeches sont un peu au monde de la start-up, l’équivalent du home staging pour les appartements et maisons à vendre de Stéphane Plaza. Dans notre contexte, ils sont là pour cacher :
– l’absence de chiffre d’affaires significatif
– l’existence de pertes d’exploitation abyssales
– l’absence d’un produit ou d’un service reconnu et disponible sur le marché global
– la présence de sérieux concurrents internationaux…
Bref j’arrête là cette liste, vous pouvez la compléter après vos propres lectures, vous avez certainement compris le sens de ce que j’entends par Vanity-Speeches.
Pour quand même mieux illustrer mon propos, j’en ai relevé quelques-uns qui forment un florilège irrésistible de perles plus ou moins grosses voir grossières, que je vous livre sans plus attendre.
Toute ressemblance ou similitude avec des déclarations de fondateurs de start-up existantes dans cette série d’articles/vidéos de Ouest-France ne serait bien sûr pas fortuite ou involontaire. Je n’ai pas indiqué le nom de leurs auteurs, sans doute par pure clémence encore estivale :
Nous avons un produit magnifique, une équipe magnifique, une catégorie de service qui est unique sur le marché
Un autre point fort c’est notre excellence technologique
C’est un produit génial
Gros enjeux, toujours des très gros enjeux
Un super produit, une super équipe et notre projet c’est d’envahir les États-Unis
Le champ des possibles est grand. Notamment aux États-Unis.
On a une communauté
Nommé dans le Top 10 !
Il s’est vendu dans une quarantaine de pays
Présent dans une vingtaine de pays
Un produit exporté dans x pays
On compte … faire des choses qui n’ont jamais été faites
Gage de sa croissance, l’entreprise est passée de 0 à x salariés en y ans
Petit aparté culturel : Quand on l’interroge sur sa croissance, un entrepreneur américain communique assez naturellement sur son chiffre d’affaires, un français plus spontanément sur le nombre de ses salariés. N’oublions pas, en France parler d’argent ou tout simplement la culture des chiffres peut être tabou !
Ici, il y a un vrai bassin de connaissances
En croissance de… (multiple de 100% tant qu’à faire)
Félicité par… (nom d’un officiel même totalement inconnu suffit)
Je garde le mot ou les mots de la conclusion en reprenant cette formule en pur nacre, d’un de ces dirigeant(e)s, ayant eu peut-être ses 10 secondes de doute ou de lucidité salutaire :
On espère pouvoir vous convaincre avec ces arguments…
Au risque de me répéter, tous ces Vanity-Speeches ont pour seul objectif de peindre les éléphants en rose. Ils n’ont pas celui de donner des éléments de vérité. Tout cela afin d’essayer d’impressionner les Foules Sentimentales, qui sont aussi des investisseurs en puissance.
Je m’interroge :
Les Vanity-speeches seront-ils un atout suffisant pour remporter le Prix de la Start-Up de l’Année de EY ?
Donnons nous rendez-vous en septembre pour découvrir le nom de la lauréate !
Je pense qu’il faut distinguer le “vanity-speech” qui est en général une vidéo marketing pour présenter le produit d’un pitch-deck qui doit détailler de manière plus précise (mais concise) la vision de l’entreprise, et des éléments clés comme les éléments financiers, le business model et l’étude de la concurrence.
La toute première vidéo permet de se faire rapidement une idée du projet : j’y crois / j’y crois pas. Ensuite, alors, on a besoin de plus de factuel pour comprendre l’activité de l’entreprise et la “solidité” de l’équipe dirigeante.
Oui il faut certainement proscrire les vanity-speeches avec les investisseurs potentiels.