Why do so many new business fail ? Many times, it’s because they’ve been cashed to death. It’s because business built on steroids and on injections of capital are living on borrowed time. When the money runs out, the business runs its course. (John Daymond et Daniel Paisner – The Power of Broke – Crown Business – 2016)
Guillaume Fonteneau, auteur et éditeur du site Web Le Blog Patrimoine a retweeté le 18 septembre 2018, le tweet de Simon Tripnaux qui résumait la situation de Airware suivi du lien vers l’article de Presse-Citron reprenant le scoop de TechCrunch publié 4 jours plus tôt :
Drone : Airware met la clé sous la porte après avoir levé 118 millions de dollars https://t.co/FmuP6bf7Sm
et a rajouté ce commentaire :
Pshiiit… le bruit d’une bulle qui éclate !
Je lui ai répondu :
Merci pour m’avoir fait découvrir ce crash heureusement sans pilote embarqué. Ce sera le thème de mon prochain blog post publié dimanche soir prochain car le sujet est riche en leçons.
Je n’avais jamais entendu parler de Airware avant la lecture des 2 articles qui lui étaient consacrés, alors j’ai envoyé mon essaim de nano drones virtuels sur le Web, afin d’essayer de comprendre la raison de cette brusque disparition, 3 jours seulement après l’annonce officielle de l’ouverture de son bureau à Tokyo.
Airware s’est retrouvée soudainement en panne sèche de carburant en pleins vols, ce qui a provoqué l’arrêt immédiat de ses opérations sur terre et dans le ciel.
Mais revenons en arrière si vous le voulez bien pour essayer de mieux saisir ce qui a bien pu se passer.
Airware a été créée en 2011 à San Francisco par un diplômé du MIT (Massachusetts Institute of Technology) passionné par l’aviation, Jonathan Downey. La mission première de Airware était de créer The system autonome de pilotage embarqué dans tous les drones, quelque soit le nom ou la nationalité de son fabricant.
Airware a racheté le 22 septembre 2016 la start-up française Redbird qui avait démontré en 3 ans seulement d’existence, un véritable savoir faire technique et commercial.
Redbird a été fondée par Emmanuel de Maistre, le 28 janvier 2013 à Paris. Elle a développé une plate-forme Web afin de collecter, traiter, visualiser et analyser les données issues de drones survolant les chantiers, les mines et les carrières de ses clients. Elle a signé un accord commercial avec Caterpillar en février 2016, lui permettant d’accéder à son réseau de distribution international.
Airware ne semble pas avoir eu le succès escompté avec son “DOS pour Drones”, chaque constructeur ayant développé et intégré entre temps son propre logiciel de navigation. Elle pensait donc pouvoir sans doute faire bonne figure auprès de ses actionnaires au bout de 5 ans d’existence quand même, avec le rachat de Redbird et réussir à faire fructifier le contrat signé par Caterpillar.
La start-up californienne a voulu également concevoir son propre drone afin de battre à plate couture le leader chinois DJI qui possèderait 70% du marché mondial. L’aventure industrielle a tourné court.
Finalement elle a essayé de jouer sa dernière carte pour survivre, celle de développer une activité de consulting mais cela n’a pas suffi visiblement à éviter de fermer les portes de l’entreprise de manière définitive ce vendredi noir 14 septembre.
ÀMHA, Airware a surtout été victime d’un excès de capitaux distribués à l’image d’un poisson rouge qui meurt des conséquences indirectes toxiques d’une distribution trop généreuse de nourriture.
Nous pouvons ensemble tirer 5 Leçons de ce que j’ai nommé la malédiction du goldfish.
Leçon #1 : Prendre avec un grain de sel les analyses d’experts hors-sol comme PwC qui prévoyait en 2016, un marché de 127 milliards de dollars à l’horizon de 2020 pour les drones civils à usage commercial !
Leçon #2 : Ne jamais considérer comme un facteur clé de succès futur, d’avoir su convaincre les top guns du capital risque mondial de rentrer au capital de sa start-up : Kleiner Perkins Caufield, Andressen Horowitz, NextWorld capital, First Round Capital, GE Ventures, Google Ventures, Intel Capital et John Chambers
Leçon #3 : Rien ne sert de vouloir scaler plus vite que la musique du marché en recrutant une world-class team avant d’avoir fait la démonstration d’un market/product fit
Leçon #4 : Faire preuve de frugalité dans toutes les décisions quotidiennes surtout tant que la start-up est en état de survie artificielle grâce aux injections répétées de cash… même venant d’actionnaires aux poches profondes mais jamais inépuisables
Leçon #5 : S’obliger à être focus sur son cœur de métier.
Airware a voulu être aussi un concepteur de drones avant de vouloir devenir un prestataire de service alors que son expertise de base était la conception de logiciels pour drones. Le syndrome Not Invented Here avait encore frappé !
And the winner is : Le chinois DJI !
Eh oui, l’écosystème startup considère que la levée de fonds est la “réussite”. Mais ce n’est que le début de l’aventure !
Oui Gabriel, tous les acteurs de l’écosystème sont responsables en publiant plus vite que leur ombre, un CP et/ou un tweet pour chaque nouvelle levée de fonds. Pourtant strictement rien à célébrer à ce stade. Au contraire c’est un fardeau de nouvelles responsabilités pour les créateurs de start-up qui n’en ont pas forcément conscience…
Il me semble que « après que » est suivi d’un verbe à l’indicatif. Les 2 réflexions à avoir ne sont plus soumises à la condition d’une malédiction puisque celle-ci a déjà frappé : le subjonctif n’a plus de raison d’être dans votre titre.
Oui vous avez raison. C’est corrigé. Merci.