L’Equity Crowdfunding a 2 Manche !

D’après un article récent sur le média en ligne La Tribune, le Crowdfunding pèse 13 fois plus en Grande-Bretagne qu’en France. On s’abstiendra donc de tout cocorico national au pays merveilleux de la French Tech, si l’on veut rester crédible sans tomber plus bas : 4,412 milliards d’euros et 319 millions d’euros respectivement (chiffres de 2015).

Les statistiques sont les frelons asiatiques de la pensée magique ! Le pragmatisme légendaire reconnu de la Perfide Albion ne se nourrirait pas que de mots, à la différence peut-être de notre coq gaulois…

Avec ces quelques mots écrits que je rajoute, cher ami lecteur amoureux de notre beau pays, ne vous trompez pas, je ne veux que participer bien modestement à soigner les maux héréditaires de notre coq tout en chair médiatique.

Mais revenons au sujet principal qui nous occupe maintenant. Certains voient dans ce différentiel abyssal, la résultante de la concentration bancaire britannique. Moi j’y vois surtout un tissu de petites et moyennes entreprises, beaucoup plus dense et dynamique qu’en France et surtout beaucoup plus ouvertes sur le monde, avec l’avantage totalement injuste 😉, de la parfaite maîtrise de la langue internationale des affaires par la totalité de sa population laborieuse.

Alors, quand la société Altfi Data sort le 8 novembre 2016, un rapport de 44 pages (téléchargeable gratuitement), sur l’état de l’Equity Crowdfunding en Grande-Bretagne, on ne peut qu’être très très attentif.

Une statistique tirée de cette étude publiée dès la page 4 met à mal une légende urbaine qui a la vie dure parmi de nombreux investisseurs : 9 entreprises sur 10 échoueraient totalement. La réalité j’en ai peur, est bien pire…

Beaucoup d’investisseurs en concluent un peu trop rapidement, qu’il suffirait de répartir son épargne sans due diligence sur 10 projets d’Equity Crowdfunding, pour qu’un des 10 investissements suffise automatiquement à sauver la mise et même à faire une jolie plus-value. Simple ? non, simpliste !

C’est une variante low-cost de la stratégie spray and pray appliquée en France à une très grande échelle par Jérémie Berrebi, à l’époque où il gérait le fonds d’amorçage de Xavier Niel : Kima Ventures et dont la rentabilité reste encore à démontrer.

Cette fameuse statistique est pourtant riche d’enseignement :

Depuis 2011, sur 751 sociétés qui ont procédé à un total de 955 campagnes d’Equity Crowdfunding, seules 4 ont eu une sortie heureuse permettant à ses souscripteurs de faire une plus-value, ce qui correspond à un taux de réussite de seulement 0,53%.

Aucune de ces plus-values n’aurait permis de démontrer la viabilité du pari sur 10 projets, même si les investisseurs avaient eu la chance d’en choisir une des 4, parmi leur portefeuille de 10 participations.

Pourtant la promesse implicite et légitime de l’Equity Crowdfunding est de démocratiser l’accès au financement des sociétés, dont celles qui un jour feront leur entrée en bourse : Vous investissez 10 x 2 000 livres et vous empochez deux ans plus tard un chèque d’un million de livres !

Cette stratégie ne résiste pas à l’épreuve des faits mis en lumière par cette statistique britannique. Ceux qui l’exercent ont la même pratique que le lanceur de couteaux mais ne partagent pas le même taux de succès…

L’erreur que font la plupart des investisseurs-amateurs est de trop se focaliser sur les chiffres des projections présentées qui sont par la nature marketing des plateformes, forcément  hypertrophiés et sur des fondateurs dont ils ne peuvent connaître à distance, toutes les facettes de leur personnalité. La forme prime obligatoirement sur le fond avec un avantage pour les Bonimenteurs 2.0 et les extravertis.

Je partage l’opinion de Christophe Bapst, le président de Finistère Angels, exprimée lors d’une interview dans la presse locale, le 19 mai 2016 :

Pour éviter ces déconvenues, lui accorde toute son attention au projet plus qu’à son ou ses porteurs. “Nous n’avons pas les moyens de juger les qualités d’une personne. Je préconise de mettre ces éléments-là de côté pour se concentrer sur d’autres aspects.”

C’est sur cette base que la due diligence externalisée doit se pratiquer afin de maximiser ses chances d’investir dans les 0,5% des meilleurs projets et avec 10 investissements ou plus, d’augmenter considérablement la probabilité d’identifier un jour, grâce à ce travail, une perle à la Oculus et pourquoi pas en pratiquer la culture en ligne.

Penser que l’on peut se passer de cette due diligence chez l’investisseur-amateur individuel, c’est faire preuve d’ignorance ou encore plus grave, d’arrogance, comme l’a écrit aujourd’hui sur son blog Fantasy Equity Crowdfunding, Rob Murray Brown.

A la différence des conclusions de l’étude ci-dessus mentionné, je ne crois pas que c’est l’établissement d’un standard de la due diligence qui sauvera les investisseurs-amateurs. C’est plus une question de curiosité intellectuelle sur le marché, sur la faisabilité des engagements pris par les créateurs, sur l’état de la concurrence et avant tout, d’avoir une dose innée de bon jugement ou de bon sens, denrée malheureusement assez rare, mais comme pour le safran j’en suis persuadé, cela peut se cultiver.

C’est ce que propose d’offrir avec votre aide, Kchehck en 2017 : Une due diligence sur tous les projets d’Equity Crowdfunding pour une communauté en formation de centaines de milliers d’investisseurs-amateurs.

Vous pouvez vous interroger : Des centaines de milliers d’investisseurs, réellement ? Oui et même plus. La seule plateforme britannique Crowdcube a 300 000 membres enregistrés.

Puisque je vous dis que le futur global de l’Equity Crowdfunding, s’écrit dès aujourd’hui et continuera à s’écrire dans les 5 prochaines années, en Grande-Bretagne, avec ou sans Brexit !


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