Le mercenaire et le missionnaire

J’ai été mercenaire, plutôt que missionnaire
Je regrette… (Mc Solaar – Extrait de Solaar Pleure)

August Turak a écrit en 2013 un livre sur les secrets en affaires des moines trappistes, Business Secrets of the Trappist Monks aux Editions Columbia Business School. Ces représentants de l’ordre cistercien nous enseignent qu’il est dans notre propre intérêt d’agir de manière désintéressée. Les habitants de l’abbaye de Mepkin en Caroline du Sud, travaillent en moyenne 4 heures par jour, hors temps des prières et vendent leur production agricole à un prix premium auprès de la communauté locale.

A l’opposé, DisneyLand Paris, créé en 1992 est dirigé par des cadres supérieurs salariés, issus du siège américain de The Walt Disney Company ou sont d’anciens collaborateurs de sociétés américaines de conseils.

Plus proche sur le plan des valeurs de l’abbaye de Mepkin que de la multinationale du divertissement, Le Puy du Fou est un parc d’attraction au cœur du bocage vendéen, créé en 1978 par l’ancien préfet et homme politique Philippe de Villiers. Pour accueillir leurs 1 912 000 visiteurs, le parc est animé majoritairement par une communauté de 3 400 bénévoles locaux et emploie des centaines d’intermittents du spectacle sous l’autorité de Nicolas de Villiers, président du parc et fils du fondateur.

Le but de la société Disneyland est principalement de maximiser la création de valeur pour leurs actionnaires à travers le versement obligatoire de royalties chaque année. C’est une sorte de dividende contractuel dû à la maison mère, basé sur le chiffre d’affaires et non sur des bénéfices, plus aléatoires…

Pour le Puy du Fou, le profit n’est qu’un produit dérivé de leur succès, la société commerciale du Parc ayant pour unique actionnaire, une association loi 1901 à but non lucratif. Paradoxe du moins apparent, Disneyland perd des centaines de millions d’euros alors que Le Puy du Fou gagne de l’argent, qui est aussitôt réinvesti pour renouveler et transformer chaque année l’expérience du visiteur. En 2014, les bénéfices du Puy du Fou se sont élevés à 6 millions d’euros, alors que pour la même époque Disneyland perdait…114 millions d’euros.

Les dirigeants de Disneyland exécutent un contrat pour de l’argent comme des mercenaires. Les cadres responsables du Puy du Fou quant à eux, participent à un projet qui les dépasse à titre individuel, animés par une mission, celle de réaliser le meilleur parc d’attraction au monde à partir du lieu où la plupart sont nés. Le Puy du Fou a déjà obtenu en 2014 à Orlando en Floride, l’Applause Reward qui correspond à la plus haute distinction mondiale des parcs et spectacles.

Comme les résidents de l’Abbaye de Mepkin ou ces vendéens bâtisseurs, les créateurs des campagnes de Crowdfunding réussies sont des missionnaires qui s’appuient sur leur communauté et le partage de valeurs communes.

Motivés uniquement par l’argent et sans assises communautaires, les mercenaires échouent toujours à convaincre les foules de les suivre, car ne l’oubliez pas, les Foules Participatives sont Sentimentales


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