Le hipster français contemporain, fortement individualiste, tente de se démarquer du reste de la société par des habitus culturels (musiques, opinions, usages quotidiens, lieux de socialisation…), vestimentaires (marques de vêtement spécifiques, réemploi via le vintage…) et physiques (structures capillaires spécifiques comme le port de la barbe/moustache pour les hommes, l’abondance de tatouages, etc.). (Wikipedia – extrait de Portrait du hipster contemporain)
L’Intelligence Artificielle, il y a ceux qui en dissertent et il y a ceux qui en font un véritable business au quotidien, avec des clients qui génèrent du vrai chiffre d’affaires à l’échelle de notre petite planète.
Dans la première catégorie, la France est très bien placée . Dans la seconde, ce sont surtout les entreprises américaines et chinoises qui œuvrent de manière non altruiste, pour (as)servir (?) la totalité de l’humanité, respectivement les GAFA sans oublier à la fin du premier acronyme un I pour IBM et les BATX.
Le rapport du mathématicien-médaillé-chercheur-député Cédric Villani, rendu public le mercredi 28 mars 2018, n’est ni le premier texte officiel des autorités françaises sur le sujet, ni ne sera le dernier, peut-être devrais-je écrire malheureusement…
Si vous demandez à un chercheur-hipster, même habillé en façon Lady Gaga, de vous décrire le problème, il vous répondra sans aucune surprise, qu’il s’agit d’un problème de moyens insuffisants de la recherche publique. Il en conclura naturellement qu’il faut plus d’augmentations de salaires des chercheurs surtout si ils sont débutants, plus d’instituts régionaux bidules, plus de chercheurs,…
Le lendemain de la publication de ce rapport, Rand Hindi, CEO de Snips était l’invité de Stéphane Soumier sur BFMTV. Le journaliste avait opportunément invité pour parler d’IA, le poster child ou précisément le plus médiatisé des entrepreneurs français sur ce thème.
Rand Hindi est également dans son propre genre, un hipster qui aime étaler sa science souvent dans une tenue, elle aussi différenciatrice, qui pourrait rappeler celle d’un sans-abri. Il sur-utilise un jargon pour impressionner son auditoire : context awareness, ubiquitous computing frictionless,…
ÀMHA, il a surtout voulu solutionner un faux problème en se basant sur l’hypothèse erronée des 100 milliards d’objets connectés annoncés par des analystes hors-sol.
Nous serions noyés sous les notifications des centaines d’objets connectés qui nous entoureraient. Face à ce déluge numérique apocalyptique, il a créé une intelligence artificielle résidant dans l’objet et qui gère automatiquement ces flux jusqu’à se faire tout simplement oublier. Seulement voilà, ce problème ne concerne en pratique qu’un seul objet connecté, votre mobile, et sa maîtrise dépend plus d’une discipline personnelle que d’une intelligence artificielle.
Cela n’a pas dissuadé les investisseurs de confier à Snips 21,3 millions de dollars pour réaliser cette intelligence artificielle locale, avec la même puissance théorique de calcul et de stockage que si elle était active dans le cloud, voir mille fois mieux si on doit croire son créateur sur BFMTV. Le résultat visible dans une vidéo promotionnelle de Snips est plus modestement d’utiliser la reconnaissance vocale pour actionner une enceinte ou une machine à café connectées, à partir de commandes explicites exprimées oralement. On est très loin de la compréhension de questions ambigües citées par Rand Hindi dans un de ses nombreux discours : trouve moi un italien à côté de mon AirBnb à Londres. Si l’objectif de Snips était de faire disparaître l’IA, c’est plutôt réussi, car personnellement je ne l’ai pas vu en action.
L’IA, c’est avant tout de la puissance de calcul, de l’espace de stockage et une masse importante de données traitées. Si vous enlevez les 3, que resterait-t-il ? l’équivalent d’une simple télécommande vocale !
Snips n’a pas les moyens d’affronter les GAFA, ne serait-ce que parce qu’elle n’a pas développé de hardware couplé à son assistant vocal pour démontrer l’utilité de son IA, à la différence de Google, de Apple ou de Amazon. Aucun constructeur automobile ou fabricant d’électro-ménager connu n’a encore intégré la solution Snips non plus…
Le seul partenariat industriel que peut exhiber Snips, afin d’échapper à la micro niche du Do It Yourself omniprésente dans sa micro communauté de geeks, est celui avec une autre start-up qui a développé Keecker, un vidéo-projecteur sur roues au design rappelant plus celui d’un modèle ancien d’aspirateur. Il obéit aux instructions orales simples transmises par son propriétaire, grâce à l’intégration de Snips. Son prix reste très élevé, comptez 1 790 euros avec 32 Mo de mémoire ou 1 990 euros avec 160 Mo. Le problème est que Keecker a été financé par une campagne de Crowdfunding sur Kickstarter en 2014 et que certains contributeurs se plaignent de n’avoir encore rien reçu en 2018. 294 personnes avaient engagé 260 574 dollars pour soutenir ce projet… Cela aurait tendance à faire tache.
Il serait peut-être plus que temps que nous nous appliquions (notamment) au domaine de l’IA, cette citation de Pierre Desproges :
L’amour… il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui le font. À partir de quoi il m’apparaît urgent de me taire.
Je ne connais pas cette startup dont tu parles, mais jusqu’à preuve du contraire, n’importe quelle personne peux désormais réaliser sa propre IA.
Tous les moyens sont a portée : Google Cloud pour le stockage, tensorflow pour le traitement des données et DialogFlow pour la partie vocale.
Et à priori, si celle qu’ils ont développé est sur mobile, elle interagit forcément avec internet.
Il faudrait creuser pour savoir ce qu’ils veulent faire exactement car d’après la vidéo, on voit juste du Google Assistant. Mais si on donne 20 millions à qui sait faire lancer un MP3 via commande vocale, alors je lève la main…