L’argent du Crowdfunding – 3ème partie : sa protection

Non, Kickstarter ne procède pas à des remboursements. Les transactions sont entre les contributeurs et les créateurs directement. Les créateurs reçoivent tout l’argent collecté (moins les commissions) rapidement après que leurs campagnes soient terminées. (Kickstarter 101)

Comment puis-je me faire rembourser du montant de ma contribution ? est une question légitime et récurrente chez les contributeurs, quand les créateurs d’une campagne de Crowdfunding ne tiennent pas toutes leurs promesses.

Chacun d’entre nous est potentiellement à la merci des lumières artificielles et hypnotiques d’un projet bullshit à la recherche de son financement hypothétique.

Les plateformes de Crowdfunding ressemblent, à un ensemble de lacs gelés où viennent patiner de nuit sur une couche de glace très… très mince, sans aucune protection, des millions de contributeurs potentiels, souvent en toute insouciance.

Aucune n’a l’épaisseur nécessaire pour protéger l’argent des contributeurs. La première d’entre elles, Kickstarter, ne dispose pas des capitaux suffisants pour rembourser tous ses contributeurs sinistrés… même si elle le voulait.

Kickstarter aurait levé auprès d’investisseurs professionnels “seulement” 10 millions de dollars depuis sa création en avril 2009, d’après la base de données Crunchbase. Elle a réussi à collecter à partir de cette date, 2,39 milliards de dollars au 29 novembre 2016, ce qui lui a permis de gagner en un peu plus de 7 ans, 119,5 millions de dollars de revenu d’après un calcul rapide. Avec un effectif aujourd’hui de seulement 113 personnes, l’entreprise de Brooklyn est très rentable !

Son taux de sinistres est au minimum deux fois supérieur au pourcentage de sa commission de 5% prélevée à la source. Structurellement, il lui serait donc impossible de garantir le remboursement des contributeurs qui ont perdu leur argent. Elle serait très vite insolvable. En fait son irresponsabilité revendiquée vis à vis de ses contributeurs fait partie de l’ADN de son modèle économique. C’est la condition indispensable pour continuer à gagner chaque année des millions de dollars de bénéfice !

Kickstarter est une sorte d’entreprise à finalité sociale appelée aux États-Unis, une Public Benefit Corporation. Le seul geste symbolique qu’elle pourrait faire à ce titre, c’est de rembourser les contributeurs de sa commission de 5% en cas de sinistres. Cela représenterait presque 12 millions de dollars à sortir mais la philanthropie a ses limites ! Les plateformes de Crowdfunding sont avant tout des entreprises commerciales qui ont pour objectif de maximiser leurs revenus et leurs bénéfices, tout en utilisant un cache-sexe dans le cas de Kickstarter.

Alors comment protéger notre précieux argent durement gagné que l’on utilise pour financer des projets qui nous tiennent à cœur ?

Solution #1 : L’assurance facultative

En 2014, la plateforme de Crowdfunding Indiegogo a tenté très timidement une expérimentation. Elle a proposé une assurance facultative maison qui remboursait aux contributeurs le montant de leur contribution hors prime d’assurance, si l’objet financé n’était pas livré 3 mois après la date promise de livraison.

Un bracelet anti-stress nommé Olive a été le premier à bénéficier de cette offre. Son prix était de 129 dollars et la prime d’assurance de 15 dollars soit 11,63% de plus à payer. L’objectif Financier Minimum était de 100 000 dollars et la campagne a collecté 181 484 dollars auprès de 1 447 contributeurs. La proposition de garantie était limitée à 25 contributeurs mais seulement 3 ont saisi cette opportunité.

Devant cet échec, Indiegogo n’a pas élargi l’expérience au delà de 3 projets et ne propose plus d’assurance à ses contributeurs…

Un an plus tard, le 26 mai 2015, Olive Labs informait de sa liquidation avant d’avoir livré ses bracelets, faute d’avoir obtenu des financements supplémentaires d’investisseurs professionnels. A la fin de l’aventure entrepreneuriale, Olive Labs avait annoncé vouloir rembourser l’ensemble des contributeurs en empruntant l’argent nécessaire…

Solution #2 : Le remboursement par les créateurs

C’est vraiment exceptionnel que les créateurs proposent de rembourser spontanément les contributeurs et la communication devient pour le moins laborieuse quand le sujet est abordé directement par ces derniers. La réponse embarrassée des créateurs dans le meilleur des cas est souvent : envoyez nous un e-mail et/ou remplissez un formulaire et je rajouterais surtout, ensuite, armez-vous de patience…

Ces créateurs auront sans doute fait disparaître votre argent aussi rapidement qu’un aspirateur Dyson la poussière, afin de pouvoir financer leurs projets… Vous avez donc très peu de chances d’en retrouver une partie ou la totalité, si vous faites une demande de remboursement.

Solution #3 : Le bullshit detector Kchehck

Pour éviter ce genre de situations délicates, activons individuellement notre Bullshit Detector sur un maximum de campagnes de Crowdfunding en cours de financement et partageons nos avis pour le plus grand bénéfice de tous. Je vous livre en conclusion quelques extraits de l’article que Yohann a écrit sur le développement par ses soins de Kchehck :

L’idée est de partir d’un site internet https://www.kchehck.com. Ce site (si ca fonctionne) va concentrer tous les retours des internautes à propos des différentes campagnes. Chacun pourra poster un commentaire et une note (“gros caca”, projet intéressant, ou ce projet vaut de l’or).

… c’est via un plugin chrome ou firefox que vous aurez un retour sur les projets déjà notés et serez avertis des scams. Lorsque vous naviguerez sur kickstarter, ulule…, vous verrez un petit bouton sur votre gauche qui vous permettra de noter le projet sans quitter votre page.

…plus la communauté grandira, et plus on espère amasser des informations sur les projets et être capable de restituer de bonnes analyses.

Pour rappel, les points d’analyse sont les suivants:
– les technologies existent-elles ?
– les fondateurs ont-ils l’expérience pour mener à bien ce projet ? Leurs noms sont-ils réels ? Peut-on les retrouver ailleurs sur le web ?
– y a t-il un prototype fonctionnel ?

D’autres idées sont à l’étude, mais voila notre première pierre.
J’espère que vous trouverez l’idée intéressante, et que vous rejoindrez notre communauté rapidement.

Si vous avez des idées, suggestions… J’y serais bien sur très attentif 🙂

Alors sur quelles premières campagnes de Crowdfunding allez-vous tester Kchehck ?


Share

L’argent du Crowdfunding – 3ème partie : sa protection

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *