De l’abonnement en un hic (Iron Group) à l’achat en un clic (Oyst) par Julien Foussard, trentenaire pressé qui se rêvait en Jeff Bezos…

Le vendredi 25 mai 2018, Julien (Marc Richard) Foussard, cofondateur de la start-up Oyst, recevait pendant Viva Technology 2018, le prix du LVMH Innovation Award, des mains de Bernard Arnault himself

La startup lauréate aura ainsi l’occasion d’être incubée au sein de La Maison des Startups de LVMH au sein de Station F, et de bénéficier de l’accompagnement du Groupe et de ses Maisons pendant une année.

La startup Oyst, co-fondée en janvier 2016 par Julien Foussard et Quentin Vigneau, répond à une problématique importante et de plus en plus récurrente du secteur du retail : le taux de conversion. Oyst est en effet partie du constat que le taux de conversion dans le secteur du e-commerce était beaucoup trop bas en comparaison à celui des boutiques physiques (environ 2% contre 55%), en raison notamment de la complexité des parcours d’achat imposés aux utilisateurs. Julien Foussard a donc eu l’idée de réduire les 8 étapes communément proposées au client pour finaliser son achat en ligne, à une seule grâce à un bouton de commande accessible en un clic, sur toutes les pages des sites e-commerçants, sans avoir à saisir systématiquement un identifiant.

(Extraits de l’article du 25 mai 2018 intitulé La startup OYST, vainqueur de la deuxième édition du « LVMH Innovation Award » organisée à l’occasion de Viva Technology 2018 et paru sur le site LVMH)

Ce trophée devait ouvrir les portes de l’Amérique à la start-up franco-britannique…

Seulement deux mois après, le 27 juillet 2018 exactement, le parquet de Paris ouvrait une information judiciaire pour pratique commerciale trompeuse et blanchiment à l’encontre de Julien Foussard, également fondateur d‘Iron Group.

Cette ouverture était la suite d’une enquête de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes ou DGCCRF.

Nous devions ces révélations à Laura Motet dans un de ses deux articles publiés dans le quotidien Le Monde le 17 septembre 2018 et entièrement consacrés au startupeur multirécidiviste.

Le 4 juin 2019, Oyst Payment Limited était dissoute d’après Companies House.

Le 12 juin 2019, Oyst France qui regroupait principalement toute la R&D (Merci le Crédit d’Impôt en faveur de la Recherche), a été placée en liquidation judiciaire.

Aujourd’hui, le contenu du site oyst.com a été effacé totalement et irongroup.co ne contient plus qu’une page d’accueil succincte où on peut lire

Irongroup, the digital agency expert in the subscription industry, has ceased its activities. We wish all our clients and teams the very best in the next adventures.

Seule Iron SLS Limited, créée le 30 janvier 2015 est encore légalement active, toujours d’après Companies House.

Thibault Monnoyeur et Quentin Vigneau, respectivement nouveau CEO depuis juillet 2018 et le cofondateur de Oyst, nous livrent le 25 juin 2019 dans une logorrhée médiumisée de 15 minutes, les raisons officielles de ce coulage aux relents de sabordage.

Leur texte volontairement très général, est intitulé Cash is King and Reputation is Queen. How trust can make or break a startup.

Dans ce qui pourrait remporter le premier prix de novlangue, l’expression Bad Buzz semble être utilisée à plusieurs reprises afin d’éviter que l’on songe à désigner nominativement, le seul et unique responsable.

Julien Foussard est soupçonné Bad Boy par la justice française et qualifié ici Bad Buzz implicitement par ses anciens collègues, sauf erreur de ma part.

Vous savez tout le mal que je pense de ces entrepreneurs qui échouent d’une manière ou d’une autre leur start-up et viennent ensuite faire acte de contrition en prenant Medium pour un vrai-faux confessionnal ouvert à tous les vents.

En fait, il n’y a pas besoin de sortir de la cuisse de Jupiter, pour comprendre les Raisons Véritables ÀMHA de la liquidation de Oyst, exfiltrées ainsi de notre mémoire collective volatile.

J’en vois 3 !

Raison Véritable ÀMHA #1 : Oyst était la vitrine légitime et respectable afin de faire oublier les pratiques commerciales expéditives d’outre-Manche de Julien Foussard, sorte d’Arsène Lupin/Robin des Bois

Les seules activités controversées de Iron Group n’auraient sans doute jamais permis de serrer la pince sous la lumière des projecteurs, au premier industriel de l’économie globale du luxe.

Iron Group incluait le fonds d’investissement maison Iron Capital Limited toujours active, doté de 10 millions d’euros sur 5 ans, dirigé par Anne de Kerckhove.

Dès ces 3 premiers mois d’existence, il aurait apporté du seed capital à une douzaine de start-up, ayant toutes un modèle économique identique à celui de Iron Group, basé sur l’abonnement à des services numériques.

Raison Véritable ÀMHA #2 : Le modèle économique du bouton 1-clic de Oyst n’aurait pu être viable sans le recyclage purificateur continu du cash de Iron Group

Amazon avait déposé dès 1997 une demande de brevet acceptée par les autorités américaines pour son achat en 1-clic. Elle a perdu à sa date d’expiration légale, le 11 septembre 2017, le monopole d’exploitation de son process. Le problème est que maintenant, tous les grands sites de e-commerce proposent un équivalent avec leur propre solution…

L’histoire de ce monopole d’Amazon est décrite dans cet excellent article de Frédéric Bianchi, journaliste à BFMTV.

Oyst voulait mutualiser son usage contre une rémunération 100% variable basée sur les ventes du e-marchand intégrant son API.

Le défaut majeur de la solution du bouton Oyst, volontairement évacué, est que la première fois, et il y avait toujours une première fois, il fallait bien donner toutes ses coordonnées physiques et bancaires…

Confier son numéro de carte à une boîte inconnue, c’était loin d’être gagné d’avance !

Raison Véritable ÀMHA #3 : L’arrêt brusque des activités de Iron Group provoqué apparemment par les déboires judiciaires de Julien Foussard a été aussi fatal à Oyst par ricochet

On ne peut que noter la coïncidence troublante, voir même potentiellement suspecte pour les apprentis Sherlock Holmes, de la date d’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de Julien Foussard et le unplug commercial décidé et avoué malencontreusement par les dirigeants de Oyst

in July 2018, we collectively made a decision to unplug our technical solution from our 160 clients, therefore bringing our turnover down to zero (extrait du fameux texte publié sur Medium)

Mais qui étaient ces mystérieux 160 clients ? Quels étaient leurs éventuels liens de parenté avec la galaxie des nombreux sites de e-commerce d‘Iron Group ?

Dans le post de Medium, seuls bizarrement des prénoms et les initiales de leur entreprise sont évoqués…

Thanks to all our clients who believed in us. Thank you for your time, your collaboration and your valuable inputs. We are sorry we can’t continue to offer you our service: Louis from L.H., Adrien from V., Clément & Pingki from J., Michael, Julien and David from P., Marc from LRDLC, Marion & Nicolas from J.D.O., Mickaël from P.D., Carlos from L., Stéphane from P.H.S., Benjamin from L., Nicolas from A, Christophe from E.L., Pierre from L.C.L., Jérémy from M., Nour from S.D., Virginie from V.C., Nicolas from 1.M., …

Épilogue Provisoire ?

Pour tendre vers l’exhaustivité de cette affaire, on retrouve aujourd’hui une société hollandaise Internet Securiweb B.V. qui gère officiellement comme Iron Group, des sites d’achat en ligne de documents administratifs via des engagements d’abonnements décrits en tout petits caractères, à l’image de Administreo ou Legaliseo.

Ils seraient une version light des anciennes méthodes moins explicites et plus hard de Julien Foussard qui continuerait peut-être ainsi, à œuvrer discrètement.

Si vous vous rendez directement sur le site gouvernemental service-public.fr, vous constaterez qu’obtenir un extrait d’acte de naissance est entièrement gratuit. En passant par Administreo, l’offre est apparemment d’1 euro mais en l’acceptant, votre engagement est reconduit par la suite en un abonnement à durée indéterminée qui sera facturé 49,90€ tous les deux mois pendant 4 mois, puis 69,90€ tous les deux mois…

Cette page de la DGCCRF au titre on ne peut plus explicite Faux sites administratifs, attention aux arnaques ! met en garde le consommateur français contre ce type de procédé. Le Centre Européen des Consommateurs y est utilement et de circonstance présenté au regard de la domiciliation légale hors de nos frontières nationales de ces sites.

Post-scriptum

Dans ce contexte, il est important de rappeler un principe fondamental de notre droit, la présomption d’innocence. À ma connaissance, Julien Foussard n’a pas encore été jugé pour ses pratiques commerciales qui lui seraient reprochées au sein de Iron Group.

Il serait donc plus que prématuré de qualifier d’arnaque, d’escroquerie ou de blanchiment ces activités d’entrepreneur globe-trotteur virtuel, tant qu’il n’est pas condamné par un tribunal et avant que le jugement ne soit consultable sur Doctrine.

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De l’abonnement en un hic (Iron Group) à l’achat en un clic (Oyst) par Julien Foussard, trentenaire pressé qui se rêvait en Jeff Bezos…

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