L’été est toujours ma période préférée pour prendre véritablement le temps de lire afin de se régénérer chaque année les neurones. Ma dernière lecture est le livre Bad Blood Secrets and Lies in a Silicon Valey Startup de John Carreyrou consacré à Theranos. Cet ouvrage publié le 21 mai 2018 se lit comme un polar, sauf que ce n’est pas une fiction, mais une reconstitution détaillée de la vie de la biotech californienne, décrite de l’intérieur.
Le fils de Gérard Carreyrou y a consacré 3,5 années de sa vie pour enquêter et écrire les 352 pages, sans hésiter à se rendre quand nécessaire sur la Côte Ouest depuis New York, afin de rencontrer les témoins des nombreux mensonges et malversations de Theranos.
La promesse de l’entreprise était de pouvoir faire des douzaines d’analyses à partir du prélèvement d’une simple goutte de sang en délivrant les résultats au bout de quelques heures et pour une fraction du prix habituellement pratiqué. Ce marché est dominé aux États-Unis par un oligopole constitué principalement par les sociétés Quest et LabCorp, qui n’avaient pas réussi à produire une telle performance.
Theranos a bénéficié de plus de 700 millions de dollars d’investissement de la part de ses actionnaires et financeurs, dont au départ DFJ cofondé par Tim Draper. À son sommet, la start-up était valorisée 9 milliards de dollars…
John cite parmi ses principales sources d’investigation, 3 médias en ligne :
Source #1 : Le blog d’un spécialiste de la santé, Adam Clapper, pathologiste à Columbia (Missouri).
To Clapper, it all sounded too good to be true, especially Theranos’s supposed ability to run dozens of tests on just a drop of blood pricked from a finger.
Ce blog a mystérieusement été retiré du Web et n’est plus accessible malheureusement via la Wayback Machine : This URL has been excluded from the Wayback Machine.
Source #2 : Les avis publiés sur Yelp
J’ai relevé personnellement, déformation professionnelle oblige, ce premier extrait du commentaire de PA. publié le 5 juin 2015 sur cette page de Yelp :
Bottom line is, using Theranos can be hazardous to your health because results are inaccurate, misleading, and no one is willing to help clarify or admit an error. Stay away — use a REAL lab instead.
ou ce deuxième extrait issu du commentaire de Lairi C. publié le 14 décembre 2015 :
The cost is cheap, but gosh, I don’t know that this really is worth it. The time, inconvenience, lack of knowledge by the staff, and their system issues makes me question whether or not these results are even accurate.
Source #3 : Le blog Monday Note de Jean-Louis Gassée, ancien cadre dirigeant de Apple et fondateur de la start-up Be
Dans un premier post publié le 18 octobre 2015 et intitulé Theranos Trouble: A First Person Account, Jean-Louis Gassée décrit le test qu’il a mené en comparant les résultats très discordants d’une première prise de sang effectuée durant l’été dans un laboratoire Theranos d’une pharmacie de la chaîne Walgreens et une deuxième, à l’hôpital de Stanford. Il a écrit à la fondatrice/CEO de Theranos, Elizabeth Holmes, afin de l’informer de son expérience sans avoir pu ensuite, obtenir de réponse directe à son email.
Dans un second post intitulé Theranos could have been stopped et publié le 21 mai 2018, soit le même jour que celui de la publication de Bad Blood, Jean-Louis Gassée pose The Question à 700 millions de dollars :
With hundreds of millions of dollars pouring into the company, did none of the investors take a quick comparative blood test?
En refermant ce livre passionnant, je me suis dit que toute proportion gardée, il y avait bien d’autres Theranos qui devaient sévir de par le monde…
Décidément nos fiches d’analyse de start-up, constituées exclusivement à partir des médias on line, seront bien utiles…