Don’t be evil (devise Google)
En 2077, dans la série T.V. canadienne de science-fiction Continuum, le pouvoir est entre les mains d’entreprises géantes qui ont remplacé des États défaillants, y compris pour exercer à leur place, les fonctions régaliennes.
La seule opposition, à cette civilisation en apparence lisse, parfaite et majoritairement sans conscience sociale, est un groupe de terroristes ultra violents appelé Liber8. Les têtes de proue de l’organisation clandestine ainsi que la policière Kiera Cameron qui les combat, sont ramenées en 2012.
Les adversaires de ce meilleur des mondes veulent éviter à tout prix, via leur voyage dans le temps, de laisser prospérer des firmes qui finiraient par perdre leur âme.
Très rapidement, on fait la connaissance d’un jeune geek sympathique, Alec Sadler. Depuis la grange de ses parents transformée en laboratoire informatique, il aide Kiera afin qu’elle continue d’exercer dans un passé qui est le sien, son devoir programmé de maintien de l’ordre.
Le futur fondateur de la start-up SadTech réactive progressivement, par tâtonnements successifs, ses implants numériques issus de l’évolution future de sa propre création industrielle. Alec veut faciliter et sécuriser les capacités d’enquête actuelles de son amie.
Alec Sadler sera devenu en 2077 un vieux monsieur énigmatique, toujours à la tête de SadTech.
Nous avons du mal à imaginer les effets de nos actions, surtout à l’horizon de plusieurs décennies. Continuum constitue pour cette raison, un déclic émancipateur.
À travers la description de différentes boucles temporelles, les 4 saisons de Continuum nous font méditer sur comment le futur est conditionné par le présent. C’est aussi l’illustration que toutes les grandes entreprises ont été un jour des jeunes pousses.
Ses 42 épisodes obligent à nous interroger sur leur éthique d’aujourd’hui qui contient les germes de celle des entreprises à position dominante que quelques unes deviendront.
Conséquence, sans avoir besoin de réfléchir plus que nécessaire, j’ai intégré la valeur éthique dans toutes ses composantes, à l’intérieur de l’algorithme de Kchehck.
Les start-up clientes qui feront l’objet for their own good, d’un monitoring constant de leur niveau d’éthique, seront immédiatement alertées de leurs éventuels écarts ou dérives. Kchehck appliquera systématiquement le strict respect d’une totale confidentialité avec ses abonnés payants.
Évitons discrètement ensemble que votre start-up ne devienne même par inadvertance une nouvelle SadTech !
Rappelons que la première responsabilité d’une entreprise est de gagner le plus rapidement possible, plus d’argent qu’elle n’en consomme. Pour autant, elle ne devrait jamais jouer un quelconque rôle de prédateur pour y parvenir.
Sinon, dans quel monde voulons-nous que les générations futures évoluent ?
Aucun Liber8 n’aura besoin un jour d’imposer son point de vue par la force… à la condition de toujours remédier ASAP à toute insuffisance éthique.
J’ai pris 3 Exemples d’Analyses Récentes, en me focalisant à chaque fois sur un manque d’éthique de nature différente et de niveau de gravité décroissant.
Exemple d’Analyse Récente #1 : Happytal (13 octobre 2019)
Je pense que le pire, c’est de s’être sentie obligée de publier une charte éthique et de la bafouer dans les faits. Avec internet, nous vivons chacun(e) d’entre nous, que nous le voulions ou non, dans une immense tour de verre. Elle nous oblige encore plus à agir en conformité avec nos dires.
Benoît Granger, lecteur régulier, attentif et participatif de ce blog, avait notamment tweeté le 14 octobre
… Il existe des référentiels sur l’éthique dans les services… mieux vaut pour eux s’en servir plutôt que de balancer des affirmations sans preuves !…
Si on en croit le communiqué de presse de Happytal daté du 6 novembre 2019, son tweet ne sera peut-être pas laissé complètement lettre morte
La société Happytal compte “entrer dans une logique de protocoles” pour son service permettant aux établissements de santé d’optimiser la gestion et la facturation des chambres individuelles, dans l’idée de formaliser davantage ses procédures et de les rendre plus visibles, ont expliqué lundi dans un entretien à APMnews ses cofondateurs Romain Revellat, président, et Pierre Lassarat, directeur général, à la suite de la polémique sur cette prestation.
Mais restons vigilants car comme nous le rappelle ce proverbe d’origine anglaise, Les actes sont des fruits, les paroles ne sont que des feuilles.
Exemple d’Analyse Récente #2 : Meero (10 octobre 2019)
De nombreux photographes professionnels indépendants accusent la start-up de leur proposer des séances de shooting revenant à un salaire horaire réel, bien inférieur au SMIC.
Dans un rare article décapant de deux pages du magazine économique Challenges paru le 7 novembre, intitulé La vérité sur le bullshit des start-up, la journaliste Delphine Déchaux conclut par cette phrase crue
Le fondateur, Thomas Rebaud, échappera, lui, à la précarité : il a empoché plusieurs millions d’euros lors de son augmentation de capital. Pardon, sa “série C”.
Quand on base la viabilité de son modèle économique sur la surexploitation d’une profession, composée d’artistes qui plus est, il ne faut pas être surpris de subir un retour de bâton médiatique…
Exemple d’Analyse Récente #3 : Newcy (16 juin 2019)
Newcy est une start-up prometteuse d’origine rennaise. Elle se propose de réutiliser les gobelets en plastique des distributeurs automatiques des grandes entreprises engagées dans une démarche RSE ou Responsabilité Sociétale des Entreprises. Elle les fait laver et relaver jusqu’à plus soif par des ateliers d’insertion.
Qui pourrait être contre cette noble initiative entrepreneuriale, à la double cause sociale et écologique ?
J’avais publié une Fiche d’Analyse individuelle Kchehck de Newcy qui nuançait sa portée environnementale positive véritable
Si on observe avec une loupe un de ses gobelets, il sera lavé/utilisé une centaine de fois avant d’être recyclé. La station de lavage se situant à une distance maximum acceptée publiquement par l’entreprise, de 70 kilomètres du lieu de livraison du gobelet, cela fera parcourir 70 X2 X100 kilomètres dans sa vie ou 14 000 kilomètres soit l’équivalent de 7 allers-retours Lille-Marseille…
J’ai peur malheureusement de ne pas m’être trompé. Je n’ai reçu de la part des fondateurs de la start-up, aucune contestation du détail de mon calcul.
Nul n’est parfait, et dans tout process, il peut y avoir au démarrage un défaut de conception. Simplement, quand on se réclame d’une démarche RSE, on est probablement tenu de devoir encore plus vite, identifier tout vice non apparent et imaginer une solution qui soit en pratique réellement durable.
L’enfer est toujours pavé des meilleures intentions !
Comme je l’ai tweeté le 14 octobre dernier
Après tout, la start-up du XXIe siècle serait certainement éthique ou ne sera pas…