Au bout de 60 ans, ne pensez-vous pas qu’il serait peut-être plus que temps de tordre définitivement le cou à quelques idées reçues sur l’Intelligence Artificielle ?

J’ai lu durant la semaine où s’est déroulé le CES 2019, les presque 500 pages de The Innovators de Walter Isaacson, publié en 2014, qui décrit de manière détaillée l’Histoire de l’Informatique à travers ses principaux contributeurs, d’Ada Lovelace à la fin du XIXe siècle jusqu’aux deux cofondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin.

C’est dès 1959, qu’a été créé le laboratoire d’Intelligence Artificielle au sein du MIT, par John McCarthy et Marvin Lee Minsky, précise l’auteur. Leur doctrine de l’époque était qu’à la condition de réunir suffisamment de puissance informatique, l’ordinateur pourrait copier les réseaux neuronaux du cerveau humain et devenir aussi intelligent.

La démystification de l’Intelligence Artificielle est la principale contribution étayée sur les 25 pages du douzième et dernier chapitre de l’ouvrage, intitulé ADA FOREVER, que je veux plus particulièrement partager avec vous.

D’après Walter Isaacson, chaque nouvelle décennie apporte depuis 60 ans, son lot d’experts qui nous promettent à l’horizon d’une vingtaine d’années, la réalisation d’une véritable Intelligence Artificielle.

Désolé mais c’est encore un mirage

Dans le meilleur des cas, les ordinateurs sont programmés pour simuler la compréhension mais absolument pas pour réellement comprendre.

Cet état de l’art a été très bien résumé en 2013 par John E. Kelly III, directeur de recherche à IBM. Il sait de quoi il parle, après les victoires de Deep Blue au jeu d’échecs contre Garry Kasparov sur la période 1996-1997 et celle de Watson au jeu T.V. Jeopardy en 2011

Computers today are brilliant idiots. They have tremendous capacities for storing information and performing numerical calculationsfar superior to those of any human. Yet when it comes to another class of skills, the capacity for understanding, learning, adapting, and interacting, computers are woefully inferior to humans.

John Kelly ajoute

People will provide judgment, intuition, empathy, a moral compass, and human creativity.

Walter Isaacson pense qu’il est vain de nous faire croire qu’il est possible de reproduire les 86 milliards de neurones et jusqu’aux 150 billions de synapses du cerveau humain. C’est du moins impossible avec des circuits électroniques à base de silicium, tous basés sur une architecture binaire basiquement inchangée depuis l’utilisation de lampes dans les premiers ordinateurs à la fin des années 30

True artificial intelligence may take a few more generations or even a few more centuries.

En attendant, il faudra mieux continuer à capitaliser sur l’optimisation d’une combinaison symbiotique de l’intelligence humaine avec les capacités augmentées des ordinateurs

Le fiasco récent de l’hôtel Henn-na à Sasebo au Japon est là pour nous le rappeler si nécessaire.

Cet établissement hôtelier avait imprudemment confié les tâches les plus simples à des robots pourvus d’Intelligence Artificielle en remplacement d’employés. La situation est devenue si chaotique qu’il a du se résoudre à se séparer finalement de la majorité de ses assistants à la fois numériques et mécaniques.

Comme l’a résumé un lecteur du Wall Street Journal en commentaire d’un article publié le 14 janvier 2019, consacré à cet échec

Well, truth be said, robots and AI are dreams that are way ahead of reality.

Leçon #1 : L’utilisation d’Intelligence Artificielle dans une start-up est par elle-même, en aucun cas un gage de succès futur ou une condition suffisante pour dominer son marché

Leçon #2 : La réussite de toute start-up démontrée à maintes reprises dans The Innovators, dépendra plus de la diversité et des qualités de ses fondateurs ainsi que de leur capacité à travailler en équipe

Throughout history the best leadership has come from teams that combined people with complementary skills.
Another key to fielding a great team is pairing visionaries, who can generate ideas, with operating managers, who can execute them.
Visions without execution are hallucinations.
Most of the successful innovators and entrepreneurs in this book had one thing in common: they were product people.

Dans mon prochain post publié dimanche 27 janvier, je vous offrirai en illustration surtout de la Leçon #3, une analyse comparative de deux start-up, la première franco-américaine et la deuxième américaine, qui veulent réinventer le métier d’apothicaire en proposant shampoing et conditionneur personnalisés pour chaque cliente.

L’une vante à tout vent son Intelligence Artificielle, l’autre plus prudente dans sa communication, se contente de mentionner ses algorithmes issus de travaux… au MIT.

Alors, qui sera probablement la gagnante de cette compétition ?

Prose ou Function of Beauty ?

The winner will be

À suivre…

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Au bout de 60 ans, ne pensez-vous pas qu’il serait peut-être plus que temps de tordre définitivement le cou à quelques idées reçues sur l’Intelligence Artificielle ?

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