Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes en ce dernier semestre 2016 ! Les plateformes de Crowdfunding connaissaient chaque année une croissance à deux chiffres. La simple collecte d’argent était devenue un nouveau marronnier pour les médias du monde entier. Un long article avait même été consacré le 8 septembre 2016 pour célébrer Golchi, la bouteille thermos ayant reçu le plus de dollars sur Kickstarter !
Ethan Mollick, professeur à la Wharton School, avait publié une nouvelle étude très optimiste de 13 pages, le 11 juillet 2016, tendant à démontrer que les créateurs des campagnes de Crowdfunding financées avec succès sur Kickstarter, avaient généré des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects !
Mais si les médias et Ethan avaient de plus en plus tendance à ne vouloir voir que les cygnes blancs, j’ai récemment remarqué l’apparition d’un cygne noir.
Le cygne noir est ici le signal faible annonciateur d’une future catastrophe que peu de personnes réussissent à anticiper, trop occupées qu’elles sont à contempler les cygnes blancs et à disserter sur leur sexe !
Dans le contexte du sujet qui nous occupe, cher ami lecteur, il représente les contributeurs qui manifestent leurs interrogations sur les réseaux sociaux vis à vis du Crowdfunding, à l’exemple de ce groupe sur Facebook : Indiegogo & Kickstarter Scam Awareness Group.
Si pour l’instant, ces personnes qui s’expriment publiquement représentent selon mes estimations, moins de 1 % de la totalité des donateurs, leur nombre est appelé à se multiplier très très rapidement. Les 2 raisons liées entre elles sont : l’évolution récente de la composition sociologique de la population contributive et l’amateurisme grandissant que je constate, chez les nouveaux créateurs, notamment parmi la génération Y.
Philippe Moati, professeur agrégé d’économie à l’Université Paris-Diderot dans une interview dans Socialter de août-septembre 2016, a déclaré que les personnes qui sont les plus engagées dans le crowdfunding sont souvent les plus consuméristes.
Face à des retards de livraison, des objets promis livrés mais défectueux ou jamais reçus, ces consommateurs-contributeurs vont perdre définitivement confiance dans le Crowdfunding et finiront par déserter ses plateformes au seul profit d’Amazon.
La perte de confiance alors se généralisera pour provoquer un véritable krach mondial du Crowdfunding en 2017.
Pour éviter ce scénario cataclysme, activer son bullshit detector devra devenir un geste naturel pour chaque contributeur potentiel, avant de participer à toute campagne de Crowdfunding. C’est au prix de cette nouvelle habitude très facile à prendre, que les plateformes de Crowdfunding deviendront l’endroit le plus sûr sur Terre pour continuer à financer les innovateurs ainsi passés au filtre des Foules Participatives.